samedi 5 janvier 2019

Glanes # 34 la peur jaune

Je continue le grand ménage. J'ai oublié de publier le numéro 34 de mes glanes. C'était un projet sur un thème que je reprendrai autrement. En attendant, je reviens un peu sur la crise en cours. La mobilisation n'a pas vraiment faibli et certains commencent à enfoncer la porte des ministères. Notre système est au bout du rouleau depuis longtemps, on le savait, mais on n'a rien fait. Je dis bien on, une espèce de collectif flou, mais dont l'étymologie est claire. L'Homme. Nous tous quoi. Avec beaucoup de compromissions à tous les niveaux, sauf pour ceux qui n'ont vraiment rien.
Je lis, j'observe, je commente rarement ou de moins, je partage quelques articles. Je ne supporte pas la haine des uns, le cynisme et la récupération des autres. Des autres de tous bords. Ceux qui sont dans l'opposition et qui auraient lancés les forces de l'ordre de manière sans doute plus terrible que ce qui se passe actuellement si on avait osé s'opposer à leur politique. De ceux qui essaient de noyauter la consultation du Conseil économique, social et environnement, avec des choses qui n'ont a priori rien à voir avec la crise et la revendication des Gilets jaunes  (le rejet du le mariage pour tous ; l'universalité des allocations familiales, autrement dit redonner encore aux plus aisés). De l'instrumentalisation des casseurs.
Et ce gouvernement qui essaie de rester droit dans ses bottes, alors que les décisions sont insuffisantes, que les radicalités ne vont cesser de s'opposer (celle du gouvernement et celle les meneurs de gilets) et que la peur se diffuse chez les élites.

Parmi ce que j'ai lu, bien sûr un peu d’Emmanuel Todd dont je ne sais si ses analyses tiennent vraiment la route ou s'il passe désormais son temps à ramener l'eau à son moulin, avec une terminologie qui affaiblit son discours à mon avis (voir le "puceau de la pensée", "le gamin"), même si un grand nombre doit adorer. On lira à ce propos, cette brève analyse de l'inimitié en politique fondée sur un livre d'Achille Mbeme. Je te ressers aussi l’idéologie sociale de la bagnole d'André Gorz (1973), dont je trouve des explications puissantes à notre situation d'aujourd'hui. J'en ai parlé beaucoup ici et là, mais je note que tout le monde s'en fout car la remise en cause de notre modèle consumériste et individualiste serait sans doute trop forte. Finalement, je me sens très en phase avec Michel Serres :
"Diriez-vous que notre société, en tout cas sous le modèle que nous lui connaissons, est en danger ? Je ne dis pas qu’elle est en danger, je dis qu’elle est si nouvelle que nous peinons à la voir telle qu’elle est. Ce que je repère, c’est son extraordinaire nouveauté, et des institutions et des partis qui n’ont pas su évoluer avec elle. Nous n’avons pas inventé un nouveau système, on est en manque de ça. (...) La sortie de crise aura fatalement lieu dans des circonstances que je ne vois pas et que d’ailleurs, tout le monde ignore".

5 commentaires:

  1. Il y a une remise en cause de la République et de la démocratie. C'est vous qui voyez.

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  2. Mais Silvano, dans cette remise en cause qui a vraiment commencé ? Et vous souvenez-vous de Marianne Sergent ou Maxime le Forestier chantant « j’m’en fous d’la France » ? En quelle année était-ce ?

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  3. Je ne sais pas, estèf, j'étais trop jeune à l'époque.
    Bonne année, au fait !

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    1. 1973, moi aussi, mais très vite politisé, je l'ai appris par cœur plus tard... Dans l'album, il y avait aussi "Le Steak ou Complainte de ceux qui ont le ventre vide, considérée comme une gaudriole par ceux qui ont le ventre plein", déjà tout un programme.
      Bonne année !

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  4. Si la démocratie a peur de l'opposition, parce qu'elle ne la croit pas constructive, peut= on encore parler de démocratie?
    P S Hier soir j'ai du expliquer en quoi il ne fallait pas confondre subjection et suggestion à une nouvelle arrivante en Belgique ayant quelques difficultés à entendre la langue française .

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