vendredi 26 février 2021

Du cinéma d’époque et autres considérations (à Matoo)

J'allais commenter un billet de Matoo. Mon commentaire était si long, je risquais de le truffer de fautes de frappe, le sujet m'a si souvent posé questions et j'ai si peu publié dans mon mois en creux de février que j'en fait plutôt un billet en écho. Toute ma vie, j'aurais rêvé d'être prof d'histoire et il m'en résulte une attachement très fort à ce que l'on appelle souvent la "vérité historique", que je préfère mettre entre guillemets, car comme chacun ne sait pas, en particulier une bonne part de nos élites politiques qui ne lisent plus depuis longtemps, le recensement permanent des faits historiques et leur analyse ouvre régulièrement de nouvelles perspectives sur le passé.

De l’importance ou pas de la reconstitution des époques mais aussi de celle d’avoir des comédiens les plus proches possibles de leurs rôles. Matoo titre son billet selon ce procédé suranné qui indique très clairement ce dont on va parler. C'est ici.

samedi 20 février 2021

Leurs visages


Je m’endors moins facilement depuis quelque temps, je dors moins longtemps aussi. Les soucis. J’essaie de vider mon cerveau. 

Alors je fixe un point. Je me concentre dessus. Ce point c’est leur visage.

Je choisis souvent Mateo. La dernière fois chez lui. Il est sur le canapé. La tête légèrement en arrière, appuyée sur le dossier. Son teint bronzé, son sourire resplendissant.

Parfois c’est Maurice. La première fois, sur le rivage méditerranéen, le soleil donne une belle lumière sur sa peau. On se regarde.

C’est toujours un instant de l’avant que tout bascule, que les lèvres se rapprochent. Un peu plus tard on se dénudera et on fera l’amour.

C’est plutôt à eux deux que je pense. Le temps fige les expressions. Maurice, je sais où le retrouver en ligne, voit son corps danser, exprimer ce sourire. J’y vais rarement cependant. Mateo devient plus flou ces jours-ci. Comme les traits s’effacent mais surtout les expressions ! Si je savais dessiner saurais je restituer les traits de tous ces garçons que j’ai serrés dans mes bras ?

J’ai tourné des pages sur l’histoire des gisants de Fontevraud, je garde un souvenir ému de mon passage dans la nef-nécropole. Je fus plus touché qu’à Saint-Denis, ou à Westminster, par ce témoignage d’une époque où quelques querelles de famille allaient déterminer notre présent. Ces trois visages figés dans la pierre, l’un dans le bois, et les deux autres qui ne sont plus, dont un qui me touche particulièrement.

Et Aliénor qui n’est désormais pour beaucoup qu’une autoroute du sud-ouest de la France. Un des derniers avatars du roman national.

Finalement peu de gens savent d’où ils viennent, leur champ de vue se limite à quelques décennies, le reste n’est qu’images d’Epinal, contresens et contrevérités. Un peu plus de recul apaiserait bien des tensions mais il semble que n’aimions rien tant que batailler.

Je reviens aux visages de ces beaux garçons qui m’apaisent, leur souvenir m’émeut mais sans tristesse tant je suis heureux de les avoir connus et de garder d’eux de quoi rêver pour le reste de ma vie.