Je m’endors moins facilement depuis quelque temps, je dors moins longtemps aussi. Les soucis. J’essaie de vider mon cerveau.
Alors je fixe un point. Je me concentre dessus. Ce point c’est leur visage.
Je choisis souvent Mateo. La dernière fois chez lui. Il est sur le canapé. La tête légèrement en arrière, appuyée sur le dossier. Son teint bronzé, son sourire resplendissant.
Parfois c’est Maurice. La première fois, sur le rivage méditerranéen, le soleil donne une belle lumière sur sa peau. On se regarde.
C’est toujours un instant de l’avant que tout bascule, que les lèvres se rapprochent. Un peu plus tard on se dénudera et on fera l’amour.
C’est plutôt à eux deux que je pense. Le temps fige les expressions. Maurice, je sais où le retrouver en ligne, voit son corps danser, exprimer ce sourire. J’y vais rarement cependant. Mateo devient plus flou ces jours-ci. Comme les traits s’effacent mais surtout les expressions ! Si je savais dessiner saurais je restituer les traits de tous ces garçons que j’ai serrés dans mes bras ?
J’ai tourné des pages sur l’histoire des gisants de Fontevraud, je garde un souvenir ému de mon passage dans la nef-nécropole. Je fus plus touché qu’à Saint-Denis, ou à Westminster, par ce témoignage d’une époque où quelques querelles de famille allaient déterminer notre présent. Ces trois visages figés dans la pierre, l’un dans le bois, et les deux autres qui ne sont plus, dont un qui me touche particulièrement.
Et Aliénor qui n’est désormais pour beaucoup qu’une autoroute du sud-ouest de la France. Un des derniers avatars du roman national.
Finalement peu de gens savent d’où ils viennent, leur champ de vue se limite à quelques décennies, le reste n’est qu’images d’Epinal, contresens et contrevérités. Un peu plus de recul apaiserait bien des tensions mais il semble que n’aimions rien tant que batailler.
Je reviens aux visages de ces beaux garçons qui m’apaisent, leur souvenir m’émeut mais sans tristesse tant je suis heureux de les avoir connus et de garder d’eux de quoi rêver pour le reste de ma vie.
Vous avez écrit méconnaître la poésie de Genet à propos de la place de l’adjectif par rapport au nom qu’il qualifie.
RépondreSupprimerHélène Martin vient de mourir, elle avait mis en musique et chanté le « Condamné à mort ». C’est une façon facile (sans jugement de valeur... enfin si sans doute, mais ne vous fâchez pas !) d’entrer dans cette œuvre. Bien des versions existent, celle de la compositrice ou celle d’Ogeret sont mes préférées. Vous en trouvez des extraits sur le Net.
Franck
Je suis toujours plus facilement entré dans la poésie par le chant. Voir Aragon et tous ses interprétes. Je feuillette ensuite les recueils, je regarde comment l’on passe du poème à la chanson. Alors merci du conseil. Je ne connaissais pas Hélène Martin, je découvre une ces belles voix que j’aime telles celles de Francesca Solleville, Christine Sèvres ou d'autres. Je vais me plonger dans son œuvre.
SupprimerPour le Condamné, j’ai préféré son interprétation à celle d’Ogeret, bien trop Ferré pour moi. Par contre, j’aime mieux Ogeret dans Le feu.
Merci Franck