lundi 8 novembre 2021

Cinéma miteux


Je ne suis jamais allé dans un cinéma porno. Je ne sais même pas si ça existe encore. Dans la ville où j'ai grandi, il y avait quelques cinémas de ce type. Je ne sais même pas si on y passait des films gays. Nous étions des ados sages, seul l'un d'entre nous était allé voir une prostituée. Il pensait que c'était un passage obligé pour apprendre. On ne lui demandait rien mais il avait raconté un peu. Je ne m'en souviens pas. Rien que l'idée d'aller trainer dans ce quartier alors sordide du centre ville me paraissait surréaliste. Au ciné, on allait voir des bons films je veux dire des films d'auteurs, dans l'une des trois salles d'art et d'essai de la ville, parfois un grand film français ou étranger, mais jamais des superproductions américaines, seulement le dernier Disney pour accompagner nos nièces et nos neveux.

J'ai vu comme ça des films improbables auxquels je n'ai rien compris. Cela nous faisait bien parler en sortant, comme ce Godard dont nous avions chacun une interprétation. Parfois, on restait scotché par l'émotion ou la force du sujet. On se la pétait un peu quand même par rapport à nos camarades qui allaient voir tout et n'importe quoi. On se la pétait sur le cinéma, sur la musique, sur tout. Enfin surtout mes potes qui n'écoutaient que de la musique anglo-saxonne alors que mon truc c'était la chanson française qu'on appelait à texte et à petites doses son équivalent anglais. Il me restait aussi quelques goûts d'enfance qui me faisaient un peu vibrer en cachette pour quelques chanteuses légères dont je tairai le nom eu égard à ma réputation.

Mon premier film porno, je l'ai aperçu sur un tout petit écran dans le bureau des transmissions du bord. Je crois que c'était pour le jour de l'an. Je n'avais pas eu de permission. J'étais allé envoyer un télégramme à mes potes, l'opérateur veillait au grain concentré sur des corps emmêlés. Entre la taille de l'image et la définition, on ne voyait pas grand chose. Avec Paco, nous étions trop sages pour rester et on ne voulait pas qu'ensuite ça jase. Et puis, ça aurait pu nous donner des idées comme ce joli film de Bruce la Bruce (Fleapit). Évidemment dans ce court, celui qui m'intrique le plus c'est l'hétéro hésitant dont la copine n'a pas froid aux yeux. Il s'appelle RJ Sebastian. Je n'ai rien trouvé d'autre de lui...

 

3 commentaires:

  1. C'est marrant, cet article;.. je parlais il y a peu des cinémas porno avec un amant récent. Il me disait qu'effectivement, quand les saunas gays étaient rares, que c'était des lieux de rencontres assez intenses...
    J'ai adoré le petit film de Bruce LA Bruce...ca m'a remis en joie!!

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    1. On m’a déjà proposé une soirée cinéma mais pas dans un porno, enfin je ne crois pas mais je ne sais pas où il l’aurait amené. Ça n’a pas pu se faire mais j’étais curieux de l’expérience…

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    2. Où il m’aurait amené …

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