samedi 23 février 2019

La malédiction de la chaussette

Longtemps j’ai qualifié mes chaussettes uniques de veuves. Jusqu’au jour où un ami a quitté ce monde et a laissé sa compagne dans cette condition. Le mot me fit alors horreur. Je ne les nommais plus car je pensais trop à lui et à elle. Il ne m’était pas venu à l’idée d’utiliser le qualificatif d’orphelines. Je note qu’Hugo ou de Lamartine utilisèrent le sens dérivé qui fait qu’on peut être orphelin d’un être cher au delà du père et de la mère. Même les parents pourraient être orphelins de leurs enfants. Je doute cependant de ce dont témoigne culturellement une telle extension. Est-ce que l’on considère que le chagrin est le même ou tolère-t-on un usage faute de mot spécifique ? L’absence de mot dédié ne témoigne-t-il pas d’un manque de reconnaissance ?
Quand je perdis ma sœur de cœur, on me fis bien comprendre que je devais contenir ma douleur. Certes il me manquait le lien formel du sang, mais force est de constater qu'à l’âge adulte la peine des fratries n’est pas prioritaire.
Je me suis éloigné des chaussettes.

mardi 19 février 2019

Ça suffit !

Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers,
Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés,
Qui déchiraient la nuit de leurs ongles battants,
Ils étaient des milliers, ils étaient vingt et cent.

Ils se croyaient des hommes, n'étaient plus que des nombres:
Depuis longtemps leurs dés avaient été jetés.
Dès que la main retombe il ne reste qu'une ombre,
Ils ne devaient jamais plus revoir un été

samedi 16 février 2019

Le garçon qui... (8) au coin du feu

www.williamhiggins.comLe temps a filé à nouveau. On ne s’est pas revu de longtemps. On ne s’est plus parlé non plus. Il avait eu à nouveau des phrases définitives sur ma situation. J’ai coupé court une nouvelle fois. Je savais désormais que de toute façon il reviendrait. Et il l'a fait pour me dire qu’il quittait le pays. Enfin notre région qui est un pays. On n’a pu se revoir avant. Est-ce qu’il avait déjà un copain ou est-ce venu après ? Je ne sais plus. Il était parti dans une belle ville où je ne fus qu’une seule fois. Il y avait donc peu de chance que je puisse y aller bien qu’il soit prêt à m’y accueillir. Il est revenu l’été dernier pour les vacances avant de repartir dans une autre ville où j’allais autrefois de temps à autre mais ce temps est révolu. De toute manière, là c’est sûr il avait un copain, dans la ville où je vais souvent, et donc une faible probabilité à s’y voir tous les deux. Sa vision de la fidélité.
Il naviguait entre les points cardinaux comme j’ai pu le faire à une époque. Il semblait un peu apaisé vis-à-vis de moi s'il revenait parfois sur ce qu'il appelait un manque de courage à sortir du placard.

samedi 9 février 2019

Le garçon qui... (7) des biffles, donc

Il était en train de m'envoyer balader. Il voulait que je prenne sur moi et que je lui propose quelque chose qui ne soit pas tendre. Je découvrais en même temps son envie de soumission. C'était un peu paradoxal pour moi. Qu'il m'attaque si durement et montre aussi son envie de s'offrir.
C'est là qu'il m'a dit je veux que tu me biffles. Comme je ne savais même pas ce que cela voulait dire, il m'a expliqué. Tout cela par texto. J'étais terriblement troublé parce que je ne suis pas sexuellement ni dominant ni dominé. Je ne voulais pas jouer à ce jeu mais je voulais tellement le revoir.
Mais finalement, à ce petit jeu, ne m'a-t-il pas dominé ?

jeudi 7 février 2019

Des eaux


J'ai toujours rêvé vivre au bord des eaux, mais je m'en méfie tant que j'ai préféré m'installer sur une hauteur. Pour des raisons familiales, liée au caractère impétueux des rivières du pays taiseux, je suis marqué par les inondations.
26 juin 1875, la Garonne est en crue. Patrice de Mac Mahon, Président de la République française parcours le département du Tarn-et-Garonne dévasté. Comme ont dû le penser les populations locales, il reste estabausit (ébahit). La postérité retiendra ces seuls mots " Que d'eau ! Que d'eau !... ".
Cette citation qu'on garde en mémoire dans le pays est restée aussi dans la mienne. La réplique du Préfet du département est la plupart du temps méconnu. C'est dommage car il ne manquait pas d'un certain sens de la répartie....

mercredi 6 février 2019

On voit de tout sur les profils...

... des applis de rencontres.
Il y a parfois de belles images, souvent c'est plus difficile à regarder quand ce n'est pas sordide. On se demande où peut-être passée l'estime de soi des candidats aux moments choisis. Parfois le garçon est attirant mais l'environnement gâche tout. On ne compte pas, par exemple, le nombre de photos où la cuvette des toilettes apparait. La cause en est bien sûr le besoin de miroir pour nombre de cliché...
Il me semble que Dorian Gay, qui n'écrit plus beaucoup, avait un billet sur le sujet, à moins que ce ne soit sur le choix des noms de profil. Je ne le retrouve pas.
On n'est pas sensé rediffuser une image piochée sur une appli de rencontre. Je m'en excuse par avance auprès du propriétaire de celle que je vais présenter ci-après. Je la retirerai à sa demande, si par cas il s'en apercevait. C'est pourquoi d'ailleurs je ne la mets pas en avant sur ce billet, que j'ai préféré illustrer par une image de qualité (mais tout autant non libre de droits j'imagine).

dimanche 3 février 2019

Le garçon qui... (6) des défis

Il avait envie de, mais...
Mateo voulait une histoire avec moi. Une belle histoire qui irait je ne sais où. Je ne pouvais lui donner. Notre relation se nourrissait de jolis instants puis les conversations finissaient par tourner en rond sur ma situation dont il ne connaissait pas grand chose. Non que je refusasse de lui parler de moi. Il ne cherchait guère à en savoir plus, à comprendre et analyser. Le mot de fidélité n'avait de sens pour lui que sur le plan sexuel. Au bout d'un moment, je l'envoyais bouler, je l'avoue à mon corps défendant car j'avais du mal à rompre ce lien. J'en pinçais clairement pour lui. Nos discussions stériles s'arrêtaient donc. Je ne bougeais plus. Le temps m'a montré qu'il revenait toujours.