L’échange avait été bref et efficace. Je le retranscris. Il est strictement sans autre intérêt que de donner une idée de la manière dont les choses peuvent se nouer simplement sans discussion interminable. Il ne s’attendait pas forcément à ce que je donne suite, certainement à cause de la brièveté de la conversation, mais pour moi c'était évident qu'il y avait quelque chose de particulier. Peut-être, était-ce la photo qu'il m'avait envoyée et ce visage souriant qui m'évoquait un souvenir que je n'arrivais pas à resituer dans une chronologie qui tend à devenir très touffue.
- Salut, je suis de passage lundi soir
- Salut, je devrais être dispo lundi soir
- Merci! Un visage ?
- En replay
[ma photo]
- Superbe !
- Merci pour le compliment
[sa photo]
- Merci, je te retourne le compliment
- Rencontre possible pour moi
- Pour moi aussi, très sympa et tu souris au moins :)
- Tu reçois ?
- Oui, je peux.
- Toi tu ne reçois pas ?
- Je vais être dans un bnb et je ne sais pas comment c’est fichu
- Tu recherches quoi ?
- Un moment sympa soft mais cho avec un mec cool
- Moi idem, pour sodo plutôt passif
- Moi plutôt actif :) bon assemblage
- Oui, ça me paraît parfait
- Oui...
Je suis à la sieste, et je tombe de sommeil ... on se parle plus tard ?
- Ok, on se recapte lundi. A bientôt
- Ok ça marche, j’arrive de l’aéroport vers 20h, à bientôt
A peine arrivé, je lui envoyai un message.
- Salut, je suis en route pour V., on se voit toujours ? Suis dans le tram
- Salut, je viens de me connecter
- Suis arrivé à mon hébergement
- Tu veux que je vienne ou tu te déplaces ?
- Je préfère me déplacer, je ne sens pas de recevoir ici
- Ok, vers quelle heure?
- Le temps de prendre une douche est c’est bon, tu es ou ?
- 46 rue Arthur Rimbaud
- Je regarde où c’est
- Ok, dis moi à quelle heure
- 30 mn à pied. Vers 21-21:10 ça te va ?
- Ok
- Au 46, je ferai quoi ?
- Appelle au 06…
- Ok, ça marche, à toute
Je partis sans tarder après une bonne douche. J’avais juste enfilé une veste de sport à capuche, afin de passer inaperçu dans ce quartier de banlieue. Mon manteau habillé ne m’avait pas paru une bonne solution. Il faisait terriblement froid, près de zéro degré, je marchai d’un pas vif pour me réchauffer.
En bas de l’immeuble, je l’appelai. Une voix aux tonalités lyonnaises me répondît. La porte s’ouvrit. Je me glissai dans l’ascenseur pour atteindre le quatrième étage où je poussai la seule porte ouverte sur le palier.
Évidemment, il était un peu plus âgé que sur la photo, ce à quoi je m'attendais car son profil donnait son âge réel, cependant l'attirance se confirmait.
Nous nous assîmes dans le salon. Je ne voulais pas être seul à boire une bière, il m'offrit de l'eau, plate, je ne bois de l'eau pétillante qu'au pays taiseux, une vieille habitude. J'engageai la conversation à partir de ce gros pavé qui m'impressionnait sur la table basse : un ouvrage didactique en anglais qui me semblait flécher sa profession. Je fis mauvaise pioche mais qu'importait, je commençai à le connaître en toute simplicité, la soirée était lancée, nos mains déjà se rapprochaient et glissaient sous les vêtements vers les mêmes parties fines... nous avions un goût identique pour les torses et leurs proéminences tétoniques. Ce fut un prélude à l'effeuillage supérieur, diable qu'il était gainé !
Sans nous presser, nous en arrivâmes à la découverte basale. Il était rudement monté et bien excité pour s'être annoncé passif. Ce membre en gourdin sculptural concentrait toute mon attention. Je semblais bien lui plaire, il m'invita à rejoindre la chambre et le grand lit, où je me sentis particulièrement bien dans ses bras.
Nous avions virevolté en tous sens quand il m'avoua qu'il n'était en principe actif qu'avec son copain. Mais, contre toute attente, il ne se sentait pas du tout passif avec moi. La soirée s'éclairait sous un jour nouveau, bien que je sois plutôt amusé par le retournement de situation : depuis mon grand soir avec Pio, rares sont les épisodes où j'ai pu inverser ce rôle qu'on se plait à me faire jouer, et là je ne voyais pas du tout comment il pourrait me pénétrer avec un tel diamètre. Lui ne doutait de rien. Ce n'était pas le premier qui allait buter sur l'étroitesse de ma conformation, pensè-je en cet instant. Sa manière douce, et sans prétention, d'être si sûr de lui me bleuffa totalement. Quelques instants plus tard, je n'en revenais pas, éperdu de l'avoir au plus profond de mon être. L'étreinte fut magique. Je ne sais quel bon elfe s'était penché sur notre lit. J'eus peur de troubler la quiétude des voisins tant il me transportait. Il me rassurait en toute chose, moi fasciné d'admirer ce beau mâle qui boutait hors de mon corps tant de peurs accumulées par l'éducation et d'autres choses plus intimes.
Si je n'avais pas atteint la limite du supportable par tant d'intensité, j'aurais voulu aussi sentir en moi l'explosion de sa jouissance. Mais il était temps qu'il se retire. Nous atteignîmes le plaisir final côte à côte, avant quelques dernières tendres étreintes.
Quand nos souffles se furent apaisés, nous bûmes un dernier verre dans le salon. Il fallait que j'affronte à nouveau le froid alors que j'aurais préféré m'endormir contre lui. Nous partageâmes encore nos étonnements respectifs sur cette rencontre. Je me promis de revenir. Je lui dis. Il me conseilla de ne pas trop attendre. Il était marqué par le temps qui passe et la jeunesse qui s'envole. Je n'étais venu que trois fois ici de toute ma vie, aurais-je encore une occasion et quand ?
Le lendemain soir, j'évoquais ce séjour avec un ami qui m'avait donné quelques indications sur le domaine des possibles vespéraux en cette métropole. Lui disant que j'étais toujours impressionné par les alchimies particulières qui font que des trucs improbables arrivent. Il me répondit au deuxième degré que l'équivalent d'une canette de bière à l'intérieur de soi c'est toujours improbable.
Je restai rêveur sur ce qui c'était passé et sur la confiance que m'avait donné ce garçon.
Comme il y a deux années, à quelques jours des fêtes, je venais de recevoir un beau cadeau.
Joyeux Noël à toi aussi.
PS :J'y reviens mi-janvier. Je passerai la nuit.
La fête des gaules... En leur capitale ?
RépondreSupprimerÀ quelque chose près...
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