samedi 24 mai 2014

Triste souvenir d'un corps médical

En ce moment chez Tto, c'est la dizaine du bambou magique. J'aime bien lire son blog et passer, au gré des jours et de ses séries, de sujets très sérieux à des choses plus délirantes, ou une combinaison des deux. L'un des derniers posts pourrait être sous-titré La sodomie pour les nuls. "Que ne t'ai-je lu plus tôt" commentais-je ! C'est vrai, à lire mon grand soir avec Pio, on pourrait s'étonner de ma découverte si tardive. A l'instar de Tto, je te rappelle d'abord que l'on "peut avoir des relations sexuelles sans qu'il y ait pénétration...", avec une pensée pour Lucien qui pour se dédouaner d'avoir fait l'amour avec moi m'avait dit quelques temps plus tard que ce n'était que du touche-pipi (Tu parles !).

En réalité, il m'a fallu du temps pour dépasser ce triste souvenir.
Cette histoire, je ne l'ai pas raconté souvent. Une fois à un ami intime, une autre à Pat qui malheureusement a trop souvent l'occasion de côtoyer les grandeurs et misères des soignants.
J'avais 34 ans. Je trainais une inflammation des hémorroïdes depuis plusieurs mois. J'avais trouvé une technique pour ne pas en souffrir mais il a bien fallu que je finisse par consulter.
Mon généraliste voulait m'envoyer en clinique mais ma foi en l'hôpital public m'a conduit à refuser. Les deux toubibs qui m'ont ausculté m'ont fait une drôle d'impression. J'avais connu, dans une colo où j'étais moniteur, des infirmiers en formation de médecin qui présentaient un côté ambigu, limite vicelard. C'est cette impression qui m'est revenu.
C'était trop tard pour reculer. L'opération a eu lieu. C'est très particulier d'être charcuté à cet endroit. Les craintes post-opératoires sont particulièrement aiguës. Comment recommencer à faire circuler un flux dans ce chantier sanguinolent ?
Les infirmières étaient parfaites pour me mettre en confiance pour ces soins où il fallait se découvrir, écarter les jambes, enfin tu imagines.
Et puis il y a eu ce moment, où le petit docteur est venu voir. Et là je découvre sans aucune préparation que pour rétablir le flux il faut introduire un doigt. Je suis demi-nu devant eux, mes parties les plus intimes exposées, jambes écartées donc. Il se tourne vers l'infirmière et avec un regard lubrique il lui demande de pratiquer la manipulation. Je suis atterré, incapable de proférer un son. Atterré non de ce qui va m'arriver, je ne suis plus à ça près, mais parce qu'il lui demande à elle et comment ! Il y a un temps d'arrêt et ce n'est pas un ange qui passe. Alors, elle le regarde froidement, lui dit que c'est un acte médical et que c'est à lui de le faire. Il insiste. Elle refuse froidement. Je ne sais pas s'il me voit vraiment, si j'existe.
Et puis il le fait. Je suis sodomisé par le doigt de ce connard. Excuse le mot.
J'ai honte pour elle et pour moi.


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