Pas de questions pour mister R.

J'essaie d'engager la conversation avec mister R., mais ce n'est pas son truc. Il aime le sexe. Point. C'est tout. Je ne suis pas disponible dans les quinze prochains jours. On patientera et on se reverra à la rentrée. J'ai à peine raconté ma rencontre avec mister R. Un de ces moments exceptionnels comme il m'en arrive de temps en temps. Une fusion exceptionnelle. Et, dès la première étreinte, cette certitude immédiate que je pourrai être passif avec lui. Ce qui fut.
On s'est déjà vu deux fois, mais je ne connais rien de lui à part ses jours et horaires de disponibilités. C'est curieux de dire cela car en réalité je l'ai connu à deux reprises et je sais déjà des choses que seuls des hommes comme moi peuvent savoir.
A chacune de nos rencontres, j'aurais aimé prolonger par exemple sous la douche. Mais j'ai eu le sentiment que c'était entrer dans son intimité comme si ma langue s'était glissée dans sa bouche. Je ne ne l'ai pas encore écrit, mais mister R. n'embrasse pas, ou du moins il se contente d'effleurements de lèvres. Il n'embrasse pas, ne se douche pas avec toi mais t'accueille tendrement et voluptueusement dans ses bras et contre son épaule, et plus encore. C'est le paradoxe de certains bi en couple hétéro qui placent la fidélité en des lieux très précis. Ce que je comprends de mister R.
Même évoquer ses vacances dont je connais le lieu par sa localisation d'appli n'est pas possible.

La deuxième fois que l'on s'est rencontré, j'avais dégagé un créneau d'une heure entre la gare et l'aéroport. Tout était minuté. Avant d'entrer dans le sauna, j'avais commandé le taxi qui m'attendrait à l'heure dite à deux pas devant une porte cochère avec un emplacement qui lui permettrait de se serrer sans gêner la circulation de cette rue étroite.
Nous avions rendez-vous dans la salle vidéo. Il y eut une confusion sur le lieu. Il était légèrement en retard. Je l'attendais devant la télévision du bar mais il me parlait de la salle aux écrans et glory-holes. Nous avons erré pendant plus de 20 mn sans se croiser, naviguant des différents lieux aux vestiaires pour échanger par messages. 
Finalement, je butais presque entre lui dans un couloir, dans le même étonnement que la première fois devant son visage, qui me rappelle plusieurs personnes à la fois. Il ne restait que trente minutes. Ce fut bref. Je revois encore sa surprise quand j'ai joui trop tôt dans ses mains. Je l'avais trop espéré. Je finis contre son large torse, sec et musculeux.
C'est mon amant magnifique.