samedi 11 mai 2019

Les calages les plus courts sont souvent les meilleurs

dessin de Hirano Gô
J’avais rendez-vous avec Alicio. Il devait me prévenir. Mais lui c’est vraiment un poème. On s’est tourné autour un moment avant de convenir d’une rencontre. Mais de là à concrétiser... bref, cela fait plusieurs fois que les planètes sont alignées, sans qu’il ne se passe rien. Je le vois se connecter mais aucun message de confirmation n’arrive. Je n’essaie plus de relancer.
Un petit incident avait commencé d’émailler ma soirée. En fermant les volets du studio, de vieilles persiennes bleues, je me suis ouvert le gras du côté de main droite. J’ai cru que ça aller à nouveau pisser le sang. Au même instant, Luc’ien se connectait et j’ai imaginé faire appel à lui comme cette fois où il était arrivé avec une boîte de pansements pour soigner mon front. Mais en fait, il n’apparaissait pas dans mon périmètre alors qu’il habite à deux pas. Il devait être là où je sais qu’il passe ses week-ends avec son compagnon. En attendant, l’alternative de filer au sauna venait de disparaître dans un grand pincement.

L’œil de Basile me regardait tel le cyclope ou Dieu dans la tombe de Caïn. Basile n’était plus apparu ici depuis le début d’année. Sans doute une bonne résolution comme je pense qu’il sait se persuader d’en prendre. Or depuis quinze jours, il apparaissait à nouveau régulièrement. Sa détermination avait donc faibli, j’ai pensé que l’autre résolution – celle de m’écarter de sa vie – finirait peut-être bien de connaître le même sort. Je me gardais bien de manifester quoi que ce soit. Je m’étais juste positionné à deux rues de chez lui. Il ne pouvait donc me rater.
J’accrochai un footeux qui m’avait contacté il y a peu. Le match n’était pas encore fini, et lorsqu’il se termina, il avait la flemme. Quant à moi, je comatais et je sombrai dans le sommeil du juste.

Le matin, j’eus du mal à me relancer. J’allais boire un double café dans la rue voisine avec quelques viennoiseries de maigre qualité. Te rends-tu compte de ce qu'on a perdu de ce point de vue ? Quel boulanger fabrique encore ses croissants et chocolatines ? Comment le consommateur peut-il se satisfaire de ces feuilletés mous et à moitié cuits ? Au retour, je me mis au travail, en attendant la réunion de mi-matinée,
J’avais ouvert la plate-forme. A un moment j’accrochai sur un profil inédit. L’ayant gratifié d’un icône élogieux, il m’adressa un message simple et direct. En quelques lignes et deux ou trois clics notre affaire était faite. Il rappliquait dans la demi-heure.
Je crois l’avoir inquiété par un blanc à son arrivée. Est-ce qu’il me convenait ? C’était bien le cas mais un bref instant, j’avais cru le connaître.
Nous avions peu de temps, c’est à la fois allé très vite et en même temps – vois comme cette expression gagne nos vies – ce temps a su s’écouler très lentement. Tout est relatif n’est-ce pas ? Nous nous trouvâmes facilement et encore fois je note une chose prodigieuse dans les rencontres et l’alchimie des corps. D'emblée il n'y eu aucune réserve. Et quand il me toucha en un endroit particulièrement intime d’une manière a priori anodine, je sus que ce serait différent de bien d’autres fois. Seul Maurice avait suscité de telle façon ce que je ressentis alors. Comme les choses sont...

2 commentaires:

  1. "Qu 'en termes galants , ces choses là sont dites "horreur j'ai mal retenu cette citation de Molière ; il parle de "mises ", sans doute pour la rime mais l'effet est le même si l'action suit la parole, comme dans ce récit

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