samedi 25 mai 2019

Le temps des cerises

J'avais oublié le temps des cerises. Enfin pas tout à fait, je vois bien chaque année les baies rouges sur les étals. Certains en portent au bureau. Je n'en achète jamais.
Je pourrais te décrire le cerisier de mon enfance. Je crois même que si je me branchais sur une imprimante 3D, il renaîtrait assez finalement. Il me suffirait futilement d'y accrocher les pendants d'oreille.
Je fus surpris la semaine dernière de découvrir mon jeune cerisier couvert de fruits. Je l'avais planté dans le verger comme on pose un vieux souvenir. Chaque année depuis, les oiseaux se chargeaient de consommer les quelques baies qui apparaissaient. Je ne l'avais finalement pas vu pousser. Il était chargé, et bien trop pour qu'il n'y en ait pas pour tous.
Je n'ai pas résisté. En deux temps et trois mouvements, je me suis retrouvé dans les branchages en chaussures de ville. Une brise nous faisait ployer. Sais-tu comme sont souples les rameaux du cerisier ? Les souvenirs ont afflué, notamment ceux de la dernière fois, avec la veuve Noire qui approchait d'un âge canonique, nous étions au plus haut tous les deux, là où les branches sont à peine plus épaisses que le poignet.
Je croquais la pulpe ferme de ma variété préférée, celle qui devient si noire et dont il faut disputer les fruits les plus sombres aux oiseaux.
Depuis, tous soirs, je grimpe à mon arbre.

Je choisis Cora Vaucaire, pour cette voix d'un autre temps, où l'on pouvait rouler les r sans que l'on ne se gausse. Une voix qui me remémore les femmes de ma famille chantant le temps des cerises.

Dimanche nous voterons, en plein temps des cerises.
(soupir)







2 commentaires:

  1. et pendant ce temps là, il y en a encore qui se disputeront pour des queues de cerises….

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    1. Laissez-pisser, l’infusion de queue de cerises est diurétique !

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