jeudi 23 novembre 2017

Je l’ai revu

J’ai revu mon apparition la semaine suivante. Je n’ai pas pu faire équipe avec lui. Mon équipier habituel était revenue de vacances. J’ai senti comme une déception mais j’ai appris à prendre du recul sur ce que je lis sur les visages. De temps en temps nous regardions où en était l’autre. Il est reparti avant moi et est venu me saluer, me serrer la main même, ce qu’on ne fait pas habituellement. Il y a des codes.
J’allais oublier, il y eut les exercices collectifs. Il était amusant, avec sa posture bien droite, son verbe haut, ses comparaisons limites à connotation sexuelle qui lui faisait nommer des seins ce qui est arrondi.
Je l’ai revu encore le lundi suivant. J’étais allé m’approvisionner de quelques équipements chez un fournisseur. Il y était pour son travail, dans ce groupe d’artisans qui le matin prennent un café ensemble avant de charger leur matériel. Il a été surpris de me voir dans son monde. Sa main était moins ferme, sa posture moins haute.
J’ai fait mes emplettes. Après avoir réglé, je me suis arrêté devant lui. On a parlé de la prochaine fois au club. Il était très discret.
Je suis sorti.
Alors que j’atteignais ma voiture, il sortait à son tour avec son chariot, suivi du patron. Il a tout renversé sur le trottoir au grand dam du chef, qui s’est fendu d’une phrase assassine. J’ai mis cela sur le compte d’une fébrilité liée à notre rencontre dans un lieu inattendu. Une perception encore. On peut toujours rêver. Mais me fait-il rêver ? Pas spécialement en fait, mais la situation est furieusement excitante.

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