Ca commençait ainsi.
Non, je ne te parle pas de mon potentiel Jules, celui que j'évoquais ici et jamais ne revis, bien que je le suive sur Roméo.
Je triais mes habits comme chacun fait de temps en temps.
Le temps est passé et je ne sais plus ce que je voulais écrire.
Je pourrais en faire un exercice. Écrire la suite de l'histoire.
Je triais mes habits.
J'aurais aimé pouvoir gardé toutes mes chemises depuis la nuit des temps. Enfin, plutôt depuis que je les choisis moi-même. J’abhorre le souvenir de mes chemises du collège. Les chemises à carreaux où écossaises. Régulièrement ces motifs reviennent à la mode. Très peu pour moi. Seules les rayures me semblent indémodables. Surtout les rayures fines.
Je tolère juste les chemises écossaises de bucheron, en tissu épais, pour aller au bois.
Avoir un dressing avec toutes mes chemises. Comme certains font avec leurs chaussures.
Je comprends l'envie de François de Rugy. Désirer un dressing est une affaire d'homme de goût. Comme préférer le homard aux écrevisses.
Un rêve de pêche aux écrevisses.
Il est trop tard. Mon enfance est si loin.
Entre temps les hommes avaient abusé. Quand j'eus l'âge de les accompagner à la pêche aux écrevisses, elle était déjà fermée. Il m'en reste un rêve.
Elle a rouvert depuis. Pour quelques misérables jours. On se console avec des écrevisses de l'Est au bilan carbone discutable.
J'ai toujours eu peu de chaussures. Beaucoup moins que de chemises. Une histoire de goût encore. Je n'aime guère les chaussures pour hommes et je ne me vois pas porter des chaussures pour femmes.
J'ai porté des boots à talons hauts et pointes fines. J'avais surpris mes camarades. Ce n'était guère pratique pour aller au lycée en vélo. J'en ai plusieurs fois perdu les pédales. J'ai porté des sabots également, enfin des galoches pour le sens propre, mais on disait des sabots. Ce n'était guère pratique pour faire de la mobylette. Il m'est arrivé de les perdre après un dos-d'âne. De courir pieds-nus sur une avenue pour les récupérer. On ne pourrait plus faire ça aujourd'hui mon bon monsieur, il y a trop de voitures. J'ai vu un jour un couple qui essayait de récupérer ses habits sur l'autoroute. Leur valise s'était échappé de la galerie de toit. Il parait qu'on meut en 13 minutes sur le bord d'une route à grande circulation si on ne passe pas de l'autre côté de la barrière de sécurité. 13 minutes. C'est une probabilité. La réalité peut-être différente.
J'ai aimé un modèle de chaussures Arche qui figurait des chausses moyenâgeuses. Je les avais acheté du côté de la fontaine des saints Innocents. Je portais des jeans serrés dont j'enfonçais le bas dans les chaussures. Me-suis trompé d'époque ? J'aime aussi les collants. C'est ce que porte chez moi, dans l'intimité. Je n'aurais pas dépareillé au XVIe siècle. J'aurais porté une boucle d'oreille, joué du bilboquet. On m'aurait défenestré pendant la nuit du 24 août 1572 avant que je ne finisse coupé en morceaux.
En réalité, j'aimerais marcher pieds-nus le plus souvent possible.
Il faut que je trie mes chaussettes aussi. Je l'ai joué décroissant depuis trop longtemps. La plupart sont élimées quand elles ne sont pas trouées. J'en ai commandé des neuves, de fabrication française. Genre le Slip français ou Cocorico. Elles sont agréables à porter.
Mes espoirs de Jules se sont envolés.
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