mercredi 19 décembre 2018

Mon nom est person

Il ne faudra pas trop me saouler avec l’écriture inclusive. Tout d’abord comment lit-on en inclusif ? C’est bien joli de rythmer des pages et des pages avec des points coupant les mots. Il faudrait d’ailleurs peut-être penser à inventer un nouveau caractère sans genre. On pourrait l’appeler iel iel. Sinon je ne vois pas comment s’en sortir. Parce qu’un point est un point, pas une pointe. Je m’égare un peu ? Désormais cependant je te préviens que mon nom est person.
Oui parce que je vais en arriver à m’offusquer qu’on puisse dire de moi que je suis une belle personne. Ça fait tellement longtemps que j’ai mis de côté ma sensibilité féminine pardon mon côté féminin, que désormais veuille bien dire que je suis un beau person. Tu va bien sûr considérer que je suis un macho de premier (merci d’éviter de dire de première) à écrire et surtout penser ainsi (parce qu’en principe on pense avant d’écrire ou à peu près en même temps avec un léger décalage de quelques fractions de seconde, nonobstant les cas d’écriture automatique bien sûr). Pourtant je suis prêt à l’inclusion, je l’ai déjà écrit. Et ça ne me gênerait pas de dire devant une assemblée majoritairement féminine, je suis heureux que vous soyez venues nombreuses. J’ajoute nombreuses, qui n’était pas indispensable, pour m’éviter de prononcer venu-eu-sse.
Je craque un peu parce qu’on commence à me mettre des points partout. Heureusement ce cher Édouard Philippe a proclamé haut et fort que l’écriture inclusive n’était pas officielle dans l’administration française. Voici au moins un point sur lequel notre premier ministre aura tranché dans le lard des parangones de l’inclusion linguistique, une véritable bombe qui n’a fait pleurer person.ne comme quoi ce gouvernement peut être aussi carrément inoffensif. Bref la décision Philippe, je l’applique avec juste une restriction sur les offres d’emploi où après tenté le masculin suivi de (H/F), puis le masculin suivi de (e) - mais malheureux on ne met pas le féminin entre parenthèses - ah oui et je fais quoi moi depuis l’origine - et enfin le .e mais qui me colle des majuscules intempestives sur mon traitement de texte. Sur les offres d’emplois, une réglementation supérieure à la décision Philippe impose de lever une doute cornélien sur le fait que le poste est bien ouvert à tous les genres. Pardon, tous les genres ? Je sens que ça va bientôt chauffer dans le ciboulot. Il faudra bien qu’on reconnaisse et qu’on affiche le troisième genre. Je ne connais pas de sous-genre dans tous les cas à part dans quelques classifications scientifiques mais c’est un autre sujet.
Tout cela pour dire qu’on perd notre temps et qu’on ferait mieux de commencer par regarder comment fonctionnait notre langue avent que les machos ne s’en emparent, à l’époque où on pouvait dire Ah, que les hommes et les femmes sont belles ! (il fallait bien que je la place) et c’est quand même plus chouette que Ah, que les hommes et les femmes sont beaux.elles !

7 commentaires:

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    1. Ah l’ami, si j’avais pensé te faire sortir du bois...

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  2. qu'elle est belle ma Bretagne quand elle pleut
    qu'il est beau mon Bretton quand il peut !
    Bretton car il sort des bois (les économistes suivront peut-être)

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  3. En effet ce n'est pas terrible d'utilise le "." qui est un signe typographique utile et utilisé. C'est pour cela que c'est plutôt le point médian qui est usité pour l'écriture inclusive "·". Le principe c'est que ce soit uniquement en écriture et que l'orateur est libre de doubler (il et elle, elle ou il etc.) ou de simplifier avec le classique masculin-neutre français en usage.

    Je ne suis pas satisfait non plus par cette écriture, mais j'essaie car j'aime la démarche et la réflexion qu'elle engage. Il ne faut pas s’arque-bouter je pense dans un sens ou dans l'autre. Ce ne sont que des tests, alors je teste. Je réalise que (pour moi) le point médian est de plus en plus évident quand j'écris le plus naturellement du monde avec le masculin-neutre mais que je parle bien de "tous". Quand je veux insister sur l'inclusion et qu'elle est au coeur du discours, alors je double. Mais ce n'est pas un dogme ou une règle dont je me fais prosélyte. Je trouve ça très cool d'explorer une manière d'écrire qui véhicule aussi une certaine vision de l'univers. ;)

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    1. En fait, je teste aussi, mais il y a une part d'inconditionnalité et d'extrémisme qui me fatigue... quant au point médian, c'est une vraiment bonne idée. Et en grattant un peu ça me donne une idée de billet assez amusant. Çà tombe bien, c'est les vacances. Merci Matoo !

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