mardi 2 novembre 2021

Je ne peux pas grossir

C’est une obsession. Pire, un de mes troubles obsessionnels convulsifs. La question du poids me poursuit depuis mon enfance. Je fus un enfant fluet pour lequel les parents ne s’inquiétaient pas. Mais la reine Mère veillait. Je ne répondais pas aux canons de sa famille, des hommes grands et costauds, des femmes fortes dont les seins en gorges profondes me terrorisaient. Je m’angoissais d’être serré contre ces poitrines énormes. Aux vacances, elle cherchait à m’engraisser alors que mon autre grand-mère, une petite femme maigre dont le pauvre mari avait été tout aussi fin, ne se souciait pas de ces questions. Je mangeais, je courais, tout allait bien.

Les photos de famille que j’ai rassemblées me font soupçonner la reine Mère d’avoir conditionné mon père a accepter de devenir gros alors qu’il n’en avait pas la carrure. Il l’a payé de grandes souffrances dans ses dernières années à traîner ce volume bien trop pesant pour son ossature. Je n’ai jamais aimé l’image de mon père, ce fut pour moi le conditionnement inverse. À la pré-adolescence néanmoins je m’épaissis un peu d’autant que je ne faisais pas de sport. Ma grande sœur se moquait pour me faire réagir, tu deviendras aussi  gros que le père. Je le pris au premier degré. Ajoute à cela ces pectoraux qui faisaient glousser mes camarades. Je traversais l’adolescence en construisant un schéma corporel erroné : je me sentais gros alors que je pesais même pas 60 kg pour 1,75 m avec une taille de pantalon à 34. Je n’ai pas pris un gramme jusqu’à l’âge de 30 ans. À part pour les jeans je devais faire retoucher mes brailles. J’ai fini par me voir autrement mais je ne supporte pas l’idée de prendre ne serait-ce qu’un kilo d’autant que j’en pèse désormais autour de 65…

J’ai ainsi un lourd passé de grossophobie… Je n’étais attiré que par les mecs plutôt fins et musclés et j’avoue que j’envisageais peu de traîner avec des « gros ». Comment peut-on s’enfermer ainsi ? Valentin, mon premier gars, j’ai résisté à son amitié puis à son attirance physique parce qu’il avait une carrure de rugbyman. Et pourtant comme j’ai aimé qu’il me serre dans ses bras dans un prélude de Mateo. Mais ceux-là ce sont des costauds musclés. Il y a ensuite ceux que j’ai souvent qualifié d’abandonnés, corpulents et plus « mous ». Abandonnés par qui et par quoi, par leur corps, par la vie et les circonstances mais plus rarement par eux-mêmes. Je ne dresse pas aujourd’hui un mea-culpa de ce que j’ai pu écrire, je dis simplement que nous sommes tous aux prises avec des facteurs et contraintes diverses. Serai-je resté aussi mince sans l’entourage qui s’est déchiré autour de moi, sans avoir été cet objet de convoitise, et sans aujourd’hui cette crainte de la maladie et de ces médicaments que je refuse de prendre, préférant l’ascèse choisie aux plaisirs de la bouche. Quant à l’enveloppe charnelle, je ne dirai pas que j’ai pu en faire abstraction dans mes rencontres, mais j’ai pu néanmoins apprécier des garçons bien dans leur chair généreuse et je garde l’empreinte de leur tendre douceur.
 
 

2 commentaires:

  1. "Moi j'ai des formes et des rondeuuuuuuurs. Ça sert à réchauffer les coeuuuuuuurs." :DDD

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    1. Et moi, je me les gèle très vite et je prends froid dans tous les courants d’air ^^

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