samedi 9 décembre 2017

Ils sont venus, ils sont tous là...

A cette heure même, le cortège s'élance depuis l'Arc de triomphe. Des centaines de milliers de fanatiques se sont déjà rassemblés le long de l'avenue des Champs-Élysées, le ronronnement des moteurs de milliers de Harley-Davidson rythme le lent mouvement qui conduira le cercueil du chanteur très connu vers la Madeleine.
J'hésite encore. Vais-je allumer le téléviseur ?
Johnny n'est pour moi qu'un souvenir d'enfance. Non que je lui dénie un quelconque talent, ni à ses admirateurs la légitimé de l'admirer, et quoique je me sois souvent moqué d'eux. Ce n'était tout simplement pas ma culture tant j'ai été bercé par les chansons à texte dès lors que j'ai quitté sur un plan musical le monde enchanté de Sheila. Mes grands frères, d'une autre génération que la mienne, étaient des fans de Johnny. les 45 tours craquaient sur le vieux tourne-disque. Ils achetaient Salut les copains. La fumée des gauloises brunes empestait leur chambre et parfois le salon. J'offris à ma mère qui ne fumait pas un cendrier mécanique à fermeture automatique pour qu'elle cesse de tousser. Le grand-père se moquait de mes frangins, des cheveux longs, de ce Johnny voué à l'oubli rapide et qui n'était qu'une clopinette face à des géants comme Charles Trénet ou Maurice Chevalier. Je sais que les plus jeunes de mes lecteurs se précipiteront pour gougueliser ces deux noms...

La voix de Johnny était belle alors, jeune, douce, bon garçon, avec des accents de crouneur. A quelques détours des refrains, on sentait déjà ce qui allait devenir dominant par la suite, caricatural et si caricaturé, que je trouvais insupportable et le rendait inécoutable.
A l'annonce de sa mort, étonnamment peut-être, m'est venue en tête Pour moi la vie va commencer, pas la version originale, mais celle aux paroles obscènes qu'on entendait souvent pendant les voyages scolaires dans la bouche des plus délurés de la classe, je pense autant à certains gars très vulgaires qu'aux yeux pétillants d’Émile. Le texte initial ne s'est remis en place qu'ensuite.

Jeudi soir, il était difficile de regarder la télé sans tomber sur des émissions mémorielles. La femme de ma vie plus fascinée par l'évènement que par l'artiste s'était collée devant l'écran. Je n'approchai pas du salon. Je prévus d'aller rapidement me coucher et de me replonger dans le roman qui m'occupe ces jours-ci et me ronge quand je ne l'ai pas entre les mains.
Je me suis arrêté indécis devant l'ordinateur. Finalement, je me suis fait un petit 45 ans, ma playlist idéale de Johnny, quatre morceaux qui ont tourné dans ma tête de gamin à l'époque où tous les garçons et les filles de son âge étaient encore ingénus.
Les voici.






PS : Hier j'ai entendu chez Charline Vanhoenacker cette séquence de Salut les terriens où Jean d'O, évoquant Cocteau et Piaf, explique qu'un écrivain doit faire attention à ne pas mourir le même jour qu'une star... A écouter si tu n'en as pas eu vent...

2 commentaires:

  1. Tu te rappelles ce que disait Desproges, estèf ? Le jour de la mort de Tino Rossi (tes jeunes lecteurs vont gougueuliser à mort) j'ai repris deux fois des moules. Moi j'ai repris des tripes...

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    1. Bon finalement j’ai regardé la téloche 10 mn montre en main et j’ai beaucoup mieux aimé l’émission de Charline hier... et je me suis gavé de beignets. Des merveilles !

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