dimanche 15 novembre 2020

Avant ou après ?

J'ai sept brouillons en attente, mais aucun ne me tente pour ce matin. Il faudrait que je révise quelques billets que j'ai illustrés par des liens aujourd'hui morts. Il va encore faire beau tout à l'heure, je n'aurai aucune excuse pour rester dedans et rattraper du retard. Oui je sais on est confiné, mais je suis à la campagne. Ne crois pas pour autant qu'on vit la situation sans coup de blues. Comme tout le monde est chez lui, chacun vaque dans son jardin et s'échappe une heure ou plus. Tu vois passer des connaissances toute la journée. On se parle à distance. On évoque ces apéros qu'il faut reporter. 

Je parle avec un ours et soudain ça me déprime. Ce paquet d'ondes négatives que je sens dirigées vers moi sans doute à tort, mais c'est ainsi, je me rend compte que je suis fragile ce matin, je vais gérer en présentiel mais ensuite ça va me prendre toute la matinée. Me remontent d'un seul coup une série d'erreurs - notamment avec l'ours - et d'échecs que j'examine en détail tout en continuant mes activités de nettoyage jardinatoire. 

J'aurais dû me douter que cette journée serait bizarre. Elle avait commencé avec la place de l'adjectif au petit-déjeuner. Quelle est la règle ? Avant, après, avant et après ? Selon la longueur ? Pourquoi un cerveau, mon cerveau, fonctionne comme cela. Il faut que je trouve pour apaiser ces pensées. Avant, j'aurai cherché un vieux bouquin scolaire de grammaire dans ma collection d'objet dont il faudra que je me sépare un jour. Je serai tombé sur une grammaire de quand j'étais petit ou une de ma mère, avec des idées datées d'avant que la recherche grammaticale n'ait progressé, et établit des analyses plus claires ou rejeté toute la construction des siècles antérieurs autour du nombril de la langue. Mais aujourd'hui il y a le net et je peux tendre la main vers la table de nuit pour abréger ma souffrance.

L'adjectif est généralement placé après le nom qu'il complète. Dans la fiche que je consulte - j'ai pris la première venue -, ils disent même derrière. Au cul du nom quoi ! C'est un peu bizarre cette image. Une phase tu la lis dans un plan, ton regard à plus ou moins 90 degrés. Il n'y a pas de devant et de derrière. Peut-être veulent-ils dire à l'oral ? La bite grosse. Oui j'ai décidé d'être trivial. Ce n'est pas terrible la bite grosse. Il doit y avoir une autre règle.

Les adjectifs de couleur se placent toujours après. La bite bleue. C'est vrai que la bleue bite, ce n'est pas terrible. Mais la blanche bite, ce serait assez classe, non ? La bave du crapaud n'atteint pas la blanche bite.

Les adjectifs courts sont généralement placés devant. Ok. Je compte dans les exemples, on peut aller jusqu’à deux syllabes. La grosse bite. Effectivement. Et la bite élégante. Je compte trois parce que je suis du Midi, mais j'imagine qu'à Paris on dit l'élégant bit.

Quand il y a deux adjectifs ou plus, ils se placent après s'ils sont coordonnés et l'un avant et l'autre après s'il ne le sont pas. Coordonnés ça te parle ? Au sens de conjonction de coordination (mais où est donc Ornicar ?) pas au sens de on fait pour le mieux ensemble. Donc une bite grosse et élégante, et une grosse bite élégante. En même temps (on a jusqu'à 2022), je peux bien dire une grosse et élégante bite. Et ça a bien le même sens. Oui, parce tu te souviens que certains adjectifs changent de sens selon qu'ils sont placés avant et après. Une grande bite. Une bite grande. CQFD comme disait mon grand-père. Ben pas toujours. Ça marche avec de Gaulle mais pas avec bite. Ce n'est qu'une association d'idée pas très subtile mais le cinquantenaire de la mort du est passé par là. Je me relis. Ça marche avec homme pas avec de Gaulle. Petit lapsus. Mon cerveau devait vouloir placer un truc. Je n'analyse pas tout de suite, sinon je ne vais pas m'en sortir.

La fiche conclut par tu aimerais t'exercer davantage ? Oh non, madame la fiche !

J'ai toujours pensé que la grammaire c'était un truc pour faire c... le monde et les gamins en particulier. D'ailleurs les spécialistes s'appellent bien les grammairiens (d'autre à foutre). Désolé, mon cerveau encore, c'est grave. Allez, je cherche une image - alors là ça va être compliqué - je poste et zou...

 

Image : Henry Stacey Marks (1829-1898, A Bit of Blue, Royal Albert Memorial Museum

6 commentaires:

  1. Révisez vos classiques :
    « Un peu de feu que vole, actif, le petit mec
    Plus élégant et pur qu’une émouvante bite »

    Et regardez le Grevisse : avant quand la combinaison est sentie comme une communauté de pensée, après lorsque chacun des mots a un accent d’intensité.

    Franck

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    1. Merci Franck, ce Grevisse n’est pas dans mes classiques, j’étais plutôt Bled ou Bescherelle avant que de m’envoler avec la première venue sans retenue aucune. Mais bel extrait !

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  2. **Je me demandais ou tu allais nous emmener, avant ou après? c'est de grammaire que ca cause, et je decouvre Genet au travers des commentaires... je n'avais jamais lu ce texte...trèzs beau...avec plein d'usages d'ajectifs, avec couilles, cette fois-ci : "En soupesant charmé tes rondes, blondes couilles,
    Mon vit de marbre noir t’enfile jusqu’au cœur"
    ** et je vois que toi aussi, tu dois gerer un "ours" qui te fait perdre de l'énergie;..et que tu as encore des textes en jachère. sais-tu? ca me rassure.

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    1. C’est terrible je crois que je n’ai jamais lu Genet, juste vu un peu de son théâtre et visite sa geôle de Fontevrault.
      Gérer est un bien grand mot pour cet ours que je ne croise pas souvent, heureusement un haut mur nous sépare !

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    2. En dehors de son théâtre, connaître son travail passe par le livre de "ses Espagne", Journal du voleur. Retour au XXe siècle.

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