mardi 18 juin 2019

La première mort de Dylan

Je tourne la clé de contact - oui, je n'ai pas encore une targette de démarrage. Je n'ai pas écouté la radio de la journée. Je presse le bouton. France info me parle, mais c'est 20:01, je vais pourvoir écouter le journal d'Inter. J'effleure l'écran tactile. Étonnement, j'entends Just like a woman. J'écoute le son pur. Je descends la rue tranquillement. Une estafette me klaxonne car je ne me suis pas serré assez. Dylan chante toujours. C'est bizarre, je m'attendais à ce que la voix du journaliste prenne le dessus. Et soudain je comprends. La musique classique à la radio égale deuil national. Mais là c'est Dylan. Les larmes aux yeux me montent. C'est une évidence. Dylan est mort. Un film défile sur mon pare-brise. Il y a des bribes d'enfance et bien sûr Joan Baez. Ils n'ont rien trouvé de mieux que de passer Just like a woman en entier. She takes just like a woman, yes, she does. She makes love just like a woman, yes, she does. And she aches just like a woman. But she breaks just like a little girl. Je ne sais pas si j'aurais choisi ce morceau mais je trouve le symbole pas mal. L'ambiance pèse dans la voiture. Je me sens seul avec moi-même. dans la rue les gens marchent comme si de rien n'était, seulement écrasé par les prémisses de la canicule.
Dylan est mort. Je me demande comme le journaliste va enchaîner. Comment enchainer sur une telle nouvelle. La trente-deuxième seconde qui suit la quatrième minute du morceau s'efface dans la transition. De nouvelles notes suivent, une voix de fille, en français, Keren Ann, Bleu. Je réalise que le monde de la chanson n'est pas entièrement mort ce soir. Ce 18 juin 2019, Inter était en grève.



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