lundi 30 janvier 2023
Songe d’une nuit d’été
La fête finissait. Il ne restait plus grand monde. Une belle journée même si le choix d’un jour d’élection était mal venu. Quelques conversations avait tourné sur le sujet mais c’est lors de l’annonce des résultats que ça a failli vriller. Forcément quand on mélange une cinquantaine de personnes d’horizons divers la probabilité qu’elles reflètent les clivages de la société est élevée. Il y eut des cris et des pleurs. Certains partirent plus tôt que l’on aurait pu l’imaginer. Maintenant nous n’étions plus que quelques-uns, surtout des gars. Je m’étais approché de la sono pour choisir le morceau suivant. Il est arrivé derrière moi. Un beau gars pas très grand, carré, il avait dû jouer au rugby, brun, une chemise colorée qui ouvrait légèrement sur un torse musclé et velu. J’avoue qu’il était désirable et que j’ai souvent repensé à cet instant, surtout depuis que je savais sa vie suspendue à un fil. Il s’est approché doucement. Toute la soirée, je l’avais trouvé prévenant avec moi, c’était la deuxième fois que je le rencontrais à l’occasion d’une fête organisée par un proche commun. Je l’avais trouvé très agréable et il contrastait tellement avec sa compagne un peu cruche. Il était maintenant très près, j’ai senti son souffle dans mon cou. A entendre son pas, j’avais compris. Il était juste là dans mon dos et il a posé ses mains sur mes hanches. Tout s’est joué en quelques fractions de secondes. Je n’ai pas vraiment raisonné ou réfléchi. C’est venu tout naturellement. Parce que le lieu, parce que des proches. Parce que l’étonnement malgré tout. Qu’il ait osé. Comme aurais-je pu réagir autrement ? Je n’ai pas bougé de place. J’ai simplement posé mes mains sur les siennes et très doucement je les ai retirés de mes hanches. Je les ai lâchées délicatement dans le vide. Je n’ai rien dit de son geste, seulement parlé de la musique. Il n’a pas insisté. Que lui ai-je dit avec ce geste si doux ? Que cela aurait pu être possible ailleurs ? En tout cas que je n’étais pas choqué ou gêné. Que je ne le jugeais pas ? Car il avait dû prendre sur lui pour oser dans un tel contexte, et quand bien même il était un peu éméché. La vie ne nous pas réuni une nouvelle fois, je ne crois pas en tout cas. Si nous nous étions rencontrés seuls je crois que nous aurions pu nous connaître. Il s’en est allé maintenant. Tout à l'heure, il ne sera plus que cendres. Il me reste ce songe d’une nuit d’été.
5 commentaires:
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Beau et tendre .Merci pour ce moment d'émotion partagé. Serge
RépondreSupprimerMagnifique petit récit d'un moment suspendu dans le temps, tout en pudeur, finesse et délicatesse, récit d'un possible inaccompli mais vivant désormais dans un songe. Merci pour ce beau texte, comme pour beaucoup d'autres, tout aussi tendres et émouvants !
RépondreSupprimerMerci d'être là à me lire...
RépondreSupprimerC est trop beau ! Pourquoi cela n arrive qu « aux autres? »
RépondreSupprimerRomain
Enfin, ça a mal fini quand même...
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