La bouche est un écosystème fragile. C’est que l’on peut lire dans nombre d’articles sur l’hygiène bucco-dentaire. Et pour une fois, le terme d’écosystème qu’on a tendance à employer à toutes les sauces y compris économiques n’est pas usurpé quand on dénombre la quantité d’espèces et d’individus microbiens qui occupent cet espace où tu ne répugnes pas à introduire une langue affamée.
La porte d’entrée d’un tube digestif qui te pénètre de part en part, c’est le moins qu’on puisse dire. À force de m’entendre dire d’arrêter de mettre mes doigts dans la bouche depuis mes premières années, en tant qu’ancien suceur de pouce et rongeur d’ongles raisonné à l’âge adulte, je nourris nécessairement une relation particulière avec cet organe. La luette est un point de bascule étonnant. Au delà c’est le précipice, le point de non retour pour toute substance qui passe ce cap. J’aurais préféré moins de pudeur basale de la part de mon père et un peu plus de discrétion buccale. L’exercice de gargarisme fut un jeu subtil dans la maîtrise du souffle
gorgien pour éviter le pire tant externe qu’interne qu’il m’apprît à
maîtriser par l’exemple. Et finalement c’est toute la question de ce qu’on s’autorise à laisser passer la luette. Oui j’en viens au fait, ne t’impatiente pas de mes longueurs. Accepter dans sa bouche des substances qu’il est délicat de laisser aller plus loin… par exemple le dentifrice. Cette pâte crémeuse n’a que deux mérites réellement reconnus, celui de te faire passer plus agréablement la corvée du brossage des dents et celui d’engraisser des laboratoires pseudo-pharmaceutiques. En matière de brossage proprement dit, l’apport est minime, l’essentiel étant l’adéquation des mouvements que tu génères. Ne crois pas non plus que cela joue sur ton haleine laquelle dépend plutôt du brossage lui-même, de ton alimentation et de ce qui se passe dans les tréfonds du tube. Il faudrait aussi parler de la consommation d’eau induite au risque de passer pour un abominable écologiste, un terre à terre qui se préoccupe plus de la corvée d'eau des femmes du pays Dogon que de l'art des masques, et à moins de se dire que c’est toujours ça que les maïs irrigués n’auront pas.
Depuis quelque temps j’ai développé un profond dégoût de tout dentifrice, qu’il soit de bas étage mentholé ou de classe garanti pour des effets supérieurs. Il m’en vient des nausées difficiles. J’ai dû arrêter et j’ai cherché un substitut pour ne pas en rester à un brossage sans saveur. Une goutte d’huile essentielle de citron fait l’affaire. C'est agréable, comestible et réputé pour ses vertus digestives. Et donc désormais j'avale, et le suc de brossage et l'eau de rinçage. Tu fais une petite mine de dégoût ? Sincèrement tu devrais essayer.
PS : pour répondre à la question que tu n'as pas manqué de te poser. Je n'ai avalé ce à quoi tu penses que pour un seul homme de ma vie, je te laisse deviner, et pour moi-même bien sûr.
*Intéressant… je vais essayer ! Et j adore le citron!
RépondreSupprimer**réponse au PS? Je dirais Maurice…
* mon petit secret, je me rince à l'eau tiède, c'est plus digeste^^
Supprimer