Les patrouilleuses

J’ai passé une bonne soirée à regarder chasser et virevolter les hirondelles. À l’heure où on nous alerte sans cesse sur la perte de biodiversité et la baisse drastique du nombre d’oiseaux en Europe, et là je te parle d’individus et de taille des populations, pas simplement d’espèces, j’avoue que c’était plaisant même si je ne suis pas spécialement ornithologue et même pas du tout. J’ai remarqué aussi que nous étions les seuls à les regarder sur cette terrasse de restaurant bondée en surplomb de la rivière. Le contraste était saisissant, avec ce que j’avais fait la veille. C’était mon deuxième truc de malade de l’été : sur une plage du midi à regarder passer la Patrouille de France parmi des milliers d’estivants. Et là, tout le monde avait l’œil rivé sur les prouesses des pilotes. Il y eût même des rafales, cet avion de chasse à 53 millions d’euros. Un peu plus tard, quand tout se fut calmé et que les dernières traînées tricolores se furent dissipées, un petit avion passa en tirant une banderole publicitaire pour la grande surface du coin. Comme quoi l’ancien monde est toujours là. Tu vas me dire que j’y étais aussi. C’est vrai, j’ai encore des connaissances dans l’ancien monde et je ne suis pas moi-même encore 100% dans le futur. Celui qui nous verra tous nous émerveiller plus souvent sur de simples hirondelles.