Interrégime #7 bleu comme

Je me lève à 5 heures comme tous les matins. Mon horloge biologique s'est complètement décalée depuis des mois. Pour une fois, j'ai apprécié le changement d'heure. Avant, c'était 4 heures. 
La biographie de Christophe sur Wikipédia est déjà à jour. Sebleouf est intervenu pour cela à 00:49. A 00:57 Gaelh17 ajoute les circonstances de la mort. Il y a débat dès 02:05 avec Clodomir (la suspicion de covid-19, indiquée par les médias au moment de son hospitalisation a été démentie par la suite. Pour l'heure il faudrait trouver une source incontestable car l'info n'est jamais sourcée dans les médias), suivi à 02:10 par Tommy (il n'est pas mort du Covid-19. Ce n'est pas parce que le Parisien le dit que c'est vrai. Ils ont aussi dit que Dupont de Ligonnès avait été arrêté.). La rubrique "Mort", ce titre fait froid dans le dos, mentionne "testé positif au Covid-19", "insuffisance respiratoire", "réanimation". Saura-t-on jamais de quoi est décédé Christophe ? 
Il y a des gens qui se précipitent sur Wikipédia pour tout transcrire. J'étais plutôt à écouter les mots bleus dans ma tête en lisant deux nécros sur l'Obs. Être le premier à coucher son pseudo dans l'encyclopédie ? Une manière d'accepter, comme quand je renseigne une nouvelle date de disparition dans mon fichier généalogique ?

Cette semaine sur les cahiers d'Esther (l'Obs, par Riad Sattouf), le grand frère d'Esther est "en mode fou du docteur Raoult ("pourquoi on vit pas à Marseille" est la phrase qu'il dit le plus dans la journée)." 

Je ne commente l'intervention du Président de la République. Trop de pathos ici, trop de haine là, trop de tout, trop de peur en fait, la France grelotte de peur en réalité, à par le docteur R. bien sûr. 
Je n'ai retenu que cette partie : "Il nous faudra nous rappeler aussi que notre pays, aujourd’hui, tient tout entier sur des femmes et des hommes que nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal. « Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune ». Ces mots, les Français les ont écrits il y a plus de 200 ans [ndr : Art. 1 de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen]. Nous devons aujourd’hui reprendre le flambeau et donner toute sa force à ce principe. Il nous faudra bâtir une stratégie où nous retrouverons le temps long, la possibilité de planifier, la sobriété carbone, la prévention, la résilience qui seules peuvent permettre de faire face aux crises à venir. Ces quelques évidences s’imposent aujourd’hui à nous mais ne suffiront pas. Je reviendrai donc vers vous pour parler de cet après. Le moment que nous vivons est un ébranlement intime et collectif. Sachons le vivre comme tel. Il nous rappelle que nous sommes vulnérables, nous l’avions sans doute oublié. Ne cherchons pas tout de suite à y trouver la confirmation de ce en quoi nous avions toujours cru. Non. Sachons, dans ce moment, sortir des sentiers battus, des idéologies, nous réinventer – et moi le premier."
Ces mots, je les écris en bleu aussi, pour l'espoir que je veux y voir.

C'est bizarre de vivre actuellement dans une région très peu touchée, de ne connaître encore personnellement aucun disparu. Un côté surréaliste avant la tempête qui ne manquera pas de déferler dans quelques semaines, car ici, on est très peu immunisés.

Il n'y a plus d'horloge, plus de clocher, 
dans le square les arbres sont couchés,  
il ne reviendra pas par le train de nuit,
Sur le quai je le vois 
Qui me sourit 
Il faudra bien…