Pas d’idées noires derrière le billet d’hier. Simplement des concours de circonstances. Je ne pensais pas revenir sur le sujet mais je viens d’enterrer mon chien. Il n’y avait pas de dépouille. Juste un corps de chien qui a succombé à sa dernière attaque. La maladie n’a emporté que sa vie et la laissé le reste.
Creuser une fosse laisse le temps de penser. Évidemment on me dira que ce n’était qu’un chien, comme le chat de Tto qui n’était qu’un chat. Ce n’est pas le premier chien que je mets en terre. Le plus pénible n’est pas de creuser le trou même si c’est physique car il y a des normes à respecter. Le plus pénible n’est pas non plus de verser la chaux vive qui facilite la décomposition et évite les odeurs. Le problème c’est qu’un animal, un autre chien, un renard, vienne creuser et transformer le corps en dépouille qu’il traînera par là. Alors si tu n'as pas de cailloux pour poser dessus comme dans Mon nom est personne, il faut tasser la terre. C’est ça la campagne, tu ne peux pas forcément creuser au fond du jardin derrière une clôture. J’aurais pu y penser, réserver un coin à l’abri. Comme les cimetières de mes ancêtres protestants sur les versants du pays taiseux.
On n’a plus le droit d’enterrer ses morts au fond du jardin. Au nom des normes sanitaires on préfère concentrer la pollution. Pollueurs vivants, polluants morts. La planète est mal barrée.
Au moins, un chien tu peux te l’enterrer, lui trouver une bonne place au soleil sur un petit versant. De temps en temps tu viendras t’asseoir là et tu le verras courir autour de toi. Un chien ça pèse moins de 60 kilos, en général, c’est un petit animal, oui il y a des normes à respecter. Ce n’est pas comme un cheval. Ton cheval tu en feras de la farine pour les poissons. Tu le verras soulevé dans les airs et tomber dans la benne puante. Il partira aux poissons car il faut croiser l’alimentation. La farine de mammifère aux poissons et la farine de poisson aux mammifères. Oui il y a des normes à respecter pour éviter la maladie de la vache folle. Le cheval, c’est plus compliqué pour le revoir galoper. Tu peux toujours l’imaginer avec les poissons.
Tu as le temps de penser quand tu creuses un trou même si ce n’est que pour un chien et qu’il n’y a pas mort d’homme.
Touché.
RépondreSupprimerMerci Silvano
SupprimerPensée pour toi estèf. Tu m'as rappelé le moment très désagréable où j'ai enterré mon chat, au petit matin alors que le jour n'était pas encore levé, avant de partir bosser au loin là où tu sais. Il était mort la veille, sur le pied de mon lit, après quelques mois de lutte contre le sida (des chats; là, la capote n'est pas d'une grande prévention !) Pour prévenir ce que tu évoques, j'avais installé le corps dans une protection de tuiles, comme on faisait parfois dans des temps très anciens. On s'était rencontré dans la garrigue au dessus de Montpellier, où je m'étais arrêté pour pisser. Une petite boule de poils gris, à peine sevrée, qui lâchait des petits cris plaintifs. Treize ans d'une belle amitié.
SupprimerMerci Celeos, de tes pensées et de ton témoignage.
SupprimerIl est très beau ce billet. Rempli d'humanité. Pensées...
RépondreSupprimerπR
Merci πR, ton commentaire avec le mot « humanité » ravive mon souvenir de la lecture de « Demain les chiens » de Clifford D. Simak. À la veillée, les chiens se racontent des histoires sur un être mythique qui aurait peuplé la terre autrefois, l’Homme...
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