samedi 31 mars 2018

Le prochain amour

Tom Bianchi: Fire Island Pines, Polaroids 1975-1983La ville où je vais souvent est une terre de promesses non tenues. Je compte plus ces paroles frivoles et ces petites mémoires.
Quand je le peux, c’est à dire quand mes contraintes de télétravail le permettent, j’aime prendre le temps de voir un ami, d’aller dîner dans un restaurant de son choix ou prendre un verre avec lui face à un illustre bâtiment.
Mais la plupart du temps, je dois travailler en soirée et je laisse alors la porte ouverte à d’autres découvertes.
Cependant les lapins sont plutôt le lot habituel et je finis souvent à l’un des saunas de la ville. La dernière fois je ne doutais pas de l’issue, mais un incident m’empêcha de concrétiser. Je m’étais blessé malencontreusement au visage. J’avais pissé le sang et la plaie superficielle était encore fragile.

Mes contacts zappaient sur le réseau. Mon profil était parcouru. J’hésitai sur ma localisation, peut-être aurais-je dû préparer la soirée du lendemain à Paris.

J’avais déjà vu son profil mais les photos ne me branchaient guère. Rien de bien original. Une qualité banale de l’image. On ne voyait pas son visage. Il disait ne jamais contacter le premier. C’est peut-être ça qui m’a décidé. J’ai lancé la conversation. Il a répondu.
Tout était calé. Il allait porter aussi le nécessaire quand j’ai posé la question qui tue. Je ne voulais pas prendre le risque que la plaie se remette à saigner.
- Tu pourrais me porter un pansement ? Je me suis cogné la tête en arrivant et ce serait mieux que je protège. Désolé de te demander ça.
Un ange me sembla passer.
- Ça saigne ?
- Ça a saigné oui, mais j'ai désinfecté.
- Ok je prends ça.
- Merci.
- Tu veux jouer au docteur c’est ça ?
😉
- Lol.

Six minutes après, il était déjà en bas de la rue, je le guidais via l’appli. Je le croyais encore dans l’ascenseur quand je vis s’afficher « ouvre ». Il était déjà derrière la porte.
Il est entré et je l’ai aimé tout de suite.
Il avait dit de ses images de visage où je le trouvais bien que ce n'était que des photos. Bien sûr les photos peuvent être trompeuses. Elles l'étaient effectivement. Il était beaucoup mieux et il irradiait ce quelque chose d’indéfinissable encore que j'avais ressenti dans notre bref dialogue.
Il a juste ôté sa veste et commencé par s’occuper de la plaie, appliquant consciencieusement le pansement. Je glissais déjà les mains sous son chandail. Sa peau était douce, sur son ventre, ses hanches puis j'effleurai ses tétons, comme pour la reconnaissance d'un terrain de jeux.
Son regard vert me fit chavirer, sa barbe courte fleurie de fil blanc, ses lèvres et sa bouche, pour ne pas dire sa langue. Ce moment magique et rare où j’aime déjà tout d’un garçon.
Il avait une jolie queue pas très longue mais épaisse et surtout dessinée. Une conformation agréable et prometteuse. J'aime les queues dessinées. Il l’avait soutenue par ... ah comment nomme t-on cette boucle de cuir qu’on passe à base d’un sexe masculin ? Tu me rafraîchiras la mémoire.
J’ai oublié de dire qu’il s’appelait Lucien.
Lucien. Un prénom qui m’est si cher. Lui aussi soudain m’éclairait de son regard, de ses yeux verts.

Te décrire ce corps à corps, comment nos mains couraient, et nos bouches. Je me suis senti en sécurité au point de me laisser sucer à nu et de finir par faire de même, bien qu’il mouillât et que d’habitude, a fortiori...  Son corps, celui d'un bel âge où la peau est un peu plus épaisse, où la chair est un peu plus lourde, mais si tendre aussi, et épanouie.

On se faisait face, il prenait nos sexes dans sa main - je m'amusai d'en observer le contraste - puis nous basculions d’un côté ou de l’autre, pour mieux se renverser et tourner sur nous-mêmes. Nos index glissèrent au plus profond de ce que tu imagines en doux prélude d’une suite à venir. Mais laquelle ? Nous avions tous deux la même envie et cela se sentait sans le dire. Il m’avait dévoré de dessous. Je devenais électrique. Chaque fois que sa bouche me reprenait j’arrivais au bord de l’extase. Je pris l’initiative. Je me couvris, il acquiesça. Dieu que c'était bon de n'être plus qu'un en se regardant dans les yeux puis de jouir au même instant.

J’aurais voulu qu’il reste. On avait parlé de nous, de nos vies, de nos couples. Il ne restait jamais dormir. Un principe. J'aurais dormi comme un bébé contre lui. Je ne suis pas arrivé à le garder. Ma nuit fut agitée. Je le revoyais. Son regard vert, si clair. Dans mes yeux. Son sourire doux. Sa voix posée. Sa sérénité en toutes choses. On s'est promis de se revoir.


17 commentaires:

  1. C'est le terme cockring que tu as oublié ;-) ?

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    1. Exactement, j’aurais pu chercher, mais ça me vaut un commentaire de ta part sur un texte si futile que je m’en réjouis bien en ce matin où les éléments se déchaînent :)

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  2. Ne crois pas que je le considère comme "si futile". Tu te tromperais.

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  3. Ça fait rêver tout ça ! Peu de rencontres sont aussi fortes . Il faut de la générosité pour atteindre ces moments ! Et j ai l impression qu il y en a de moins en moins . J espère que vous allez remettre le couvert !

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  4. Est-il devenu un pote de sexe depuis lors?
    Moi,je préfère les promesses tenues...
    Pierre

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    1. On ne s’est pas revus mais nous restons en contact...

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    2. La photo est belle,très pudique!
      Pierre

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    3. et c'est une belle histoire riche de tendresse et de sensualité.
      J'aimerais en vivre une comme celle-ci,pour longtemps,avec des moments magiques et rares où tu aimes tout d'un garçon(lèvres,bouche,langue,tétons,hanche...
      Pierre

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  5. PS:Je n'arrive pas à trouver les "on s'est dit" plus ancien!?
    Pierre

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    1. Je ne sais pas si on peut retrouver tout le fil des commentaires !

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  6. J'aime les photos et voir aussi les mecs en slip qu'ils bandent (c'est mieux!)ou pas.L'enlever moi-même et de le sentir longuement c'est aussi un plaisir.Bizarre,non?
    Pierre

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  7. Vraiment un magnifique moment de tendresse-sexe que j'ai hâte de découvrir et de partager...
    Pierre

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  8. mon prochain amour...
    Pierre

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