samedi 3 mars 2018

Qui n'est pas sur un plan B ?


Ça bien longtemps que je n'ai pas regardé On n'est pas couché. En fait, je n'ai jamais adhéré ni principe ni au ton de l'émission. Ruquier ne me fait plus beaucoup rire depuis longtemps.
J'ai connu Ruquier quand il a débarqué en 1991 sur Inter avec Rien à cirer sur le créneau 10-12 du dimanche matin libéré un an plus tôt par l'Oreille en coin qui avait migré sur Europe sous le nom de Persona ... gratter.
J'écoutais l'Oreille lors de dimanches consacrés au bricolage. C'était une émission qui durait depuis 1968 ! Je l'avais prise en fin de vie. Dans une ambiance bon enfant, on y recevait sans mettre à mal. Les chansonniers y avaient la part belle, ils donnaient en musique leurs chroniques humoristiques. C'était désuet à souhait, sous le règne du calembour. Maurice Horgues, quand il poussait la chansonnette, avait la voix de mon grand-père.
Avec l'arrivée de Ruquier, le style changea radicalement, vif, enlevé, subtil mais toujours sympathique et convivial. Cela paraissait spontané et il n'y avait pas de mise à mort malgré le caractère souvent acerbe.
Le temps a bien passé, Ruquier qui collabora un temps avec Claude Villers dans le Vrai-faux journal, a monté dans ONPC un tribunal qui n'a plus rien à voir avec celui des flagrant-délires. On y est vraiment méchant.
Je parle de Ruquier à cause de la sortie poussive de Christine Angot qui a fait le buzz à propos du métier d'artiste qui serait un plan B. D'une certaine manière, le buzz nous ramène sans cesse à l'hypothèse de la reine rouge - il faut courir pour rester à la même place - si tu ne buzzes plus, tu meurs, c'est devenu le principe de la plupart des émissions plus que de nous informer ou de nous divertir. Mais ce n'est qu'un lieu commun de dire cela.
Bref, nombre d'artistes se sont émus, d'autres ont laissé passer la caravane.
La plupart n'ont pas regardé le CV de Christine Angot, diplômée de droit international public et spécialisé en droit public, qui se désintéresse ensuite de sa formation pour devenir romancière, métier d'artiste s'il en est, et plan B fructueux pour la ladite. Elle sait donc de quoi elle parle.
Mais franchement, on s'en fout, non ? Combien de plan A sont des illusions dont il faut s'affranchir pour trouver sa voie ? Je ne décrirai pas mon propre parcours ici mais ce n'est qu'une succession de plans B dont je ne suis pas franchement mécontent.
Derrière la pensée de Christine Angot, si on peut appeler cela ainsi, et la réaction outrée des interpellés, je relève un mal français, celui de l'illusion de la voie tracée, souvent dite royale, qui laisse bon nombre d'entre nous sur la bord de la route.
Donc plan A ou B, on s'en tape, et le samedi soir, sortez ou allez-vous coucher !




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