jeudi 26 septembre 2024

Talisman


Je roulais en file indienne au rythme d’un bus régional qui desservait les villages que nous traversions. Je suivais une Renault Talisman. Le mot a accroché mon esprit alors que j’écoutais une critique radiophonique qui glissait du dernier bien sur l'abbé Pierre à la reprise d’Emmanuelle. Des lors ma pensée alla de l’un à l’autre. Les soubresauts de la circulation, le mot talisman qui se détachait sur une carrosserie noire, les mots du journaliste et les paroles de Pierre Bachelet. Mentalement je projetais les arrêts du bus à venir. Soudain l'origine arabe du mot, forgé à partir du grec, me sautait aux yeux, en écho avec Soliman, que mon dernier livre lu évoquait.  Avais-je encore un talisman ? Depuis quelques années la chaîne que je portais au cou s’était rompue, mon talisman s’était évadé et pourtant le ciel ne m’était pas tombé sur la tête. Quelles images d’Emmanuelle me revenait, non pas celle du film mais celles dont j’avais rêvé en lisant une édition brièvement illustrée. Lu en cachette en lecture différenciée, rapide pour la narration contextuelle, plus lente pour les scènes d’amour. Je crois qu’on a doublé le bus. A l’entrée de la ville, une petite voiture rouge s’est glissée entre la Talisman et ma berline. La chronique avait laissé la place à autre chose. Le fil d'info peut-être. Mes pensées se brouillaient. J’arrivai à destination. Le temps repris son vol.


 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire