J'ai toujours vécu en partie caché, depuis tout petit, peut-être bébé même. J'ai compris très tôt que ce que j'étais ne plairait pas à tout le monde, et à mes proches en particulier. J'ai compris très tôt que je ce que ressentais d'eux et du monde ne devait pas forcément être dit. Je n'avais pas toujours les mots d'un enfant de mon âge et, plutôt que de m'expliquer, on me demandait de me taire. Je ne sais pas ce qui m'a été caché, je le cherche depuis tout ce temps. J'ai même écrit à la maternité pour demander le dossier médical de ma mère, pour savoir s'il ne se serait pas passé quelque chose. Ou j'ai cru le faire, je ne retrouve pas le mail et je n'ai pas eu de réponse. Pourtant, il me semblait bien. C'était au début du confinement, je leur disais que je profitais de ce temps mais que je comprenais qu'ils étaient peut-être débordés et qu'ils pourraient me répondre plus tard. Une lecture avait éveillé mes doutes, des histoires de jumeaux détournés en Suède. Cette impression soudain d'être terriblement concerné. Comme cette émotion toujours renouvelée à écouter ou chanter mon frère de Maxime le Forestier, alors que j'en avais déjà deux, mais peut-être aussi justement parce que j'en avais déjà deux.
En fouillant, dans mon ascendance, j'ai fini par trouver les raisons de ma quête dans le monde des morts, et comprendre ce qui enfant m'avait touché alors que je n'avais aucun élément pour me sentir objectivement concerné. Je n'ose même pas en parler tellement cela paraitrait délirant à mes proches et par précaution je ne partage jamais ma généalogie au delà de la douzième génération. Je souris en pensant à cette grande feuille A0 composée à partir de formats A4, scotchés sur le verso, sur laquelle je notais le fruit de mes recherches dans le petit Larousse. Je la cachais au fond d'un baril de lessive reconverti. Je finis par la détruire à l'adolescence honteux de ces travaux d'enfant sage.
J'ai toujours été une bille en langues étrangères à l'oral. Je fais cependant des efforts pour progresser mais je crois que je n'arriverai jamais de ma vie à comprendre avec fluidité les paroles d'une chanson hors la langue que ne taisait pas ma mère. Pourtant, j'ai toujours été touché par des textes anglais que je ne comprenais pas, à l'époque où on ne trouvait pas facilement les paroles écrites et a fortiori leur traduction. Peut-être un jour sortirais-je de ma coquille, j'aime bien dire de mon coquillage.
Hyde in your shell, Supertramp, album Crimes of the century (1974).
Sur safari pour IPhone, la vidéo n’apparaît. Peux-tu me dire si tu la vois sur d’autres phones ? Merci !
RépondreSupprimerMerci pour ta fidélité. Hé non, je n'ai rien préparé en avance, j'ai pris le train en marche, comme beaucoup il me semble. Ecrire tous les jours est vraiment difficile. Je suis heureux d'avoir participé mais suis content que cela s'arrête :D
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