samedi 23 juillet 2022

Des visions

Je suis dans le salon d'attente, en transit en quelque sorte. La pièce est toute en longueur, nous sommes quelques uns à être stationnés là sur des fauteuils réglables. Je suis près de la fenêtre. Au centre, sur le mur longitudinal une photo de paysage de montagne sous verre, comme on peut les faire et monter soi-même, sans doute s'agit-il d'une photo donnée par un patient qui a apprécié le service. La photo est très mal cadrée, sans recul suffisant. On distingue une crête de haute-montagne avec des restes de glaciers en arrière plan, un lac au premier et à peu près au centre une formation rocheuse tourmentée, monumentale. C'est sans doute cette partie qui a attiré l’œil du photographe amateur. Le cadrage est vraiment raté, j'aurais pu le faire pour garder la mémoire de ce résultat remarquable des pressions d’orogenèse alpine et d'érosion, mais de là à faire un tirage, il y avait un pas à éviter.

Je n'ai que ça à faire à part somnoler, alors je regarde l'image, je me concentre sur ce bloc travaillé de roche calcaire. Soudain les traits se précisent et je vois apparaître autre chose, une statue grandiose sortie des roches. je vois un torse planté dans un large bassin qui émerge sur la rive du lac, la tête est penchée sur le torse, avec deux orbites creusés. De part et d'autres, de puissantes épaules supportent les bras dont les extrémités sont enfouies dans le sol. Le temps passe lentement, je fatigue un peu, je penche la tête sur la droite. Je distingue soudain des sortes d'écailles sur le crane, qui se prolongent en un grand bec à droite. Mon homme devient aquilin et c'est une sorte de grand rapace écailleux qui apparait à mes yeux maintenant. Je relève la tête, les écailles se déplacent un peu à gauche, je comprends que c'est le reflet de la grille d'un des plafonnier de la pièce.

Je me dis que c'est ce géant des montagnes que le photographe a repéré. Je me lève et vais me planter devant la photo. Tout change. Les glaciers ont dû disparaître depuis longtemps, la photo révèle le glacis des roches striées sous-jacentes. Je vois le bloc monumental différemment, les continuités de relief apparaissent et ma paréidolie a disparu. C'est ma position latérale qui créé cette illusion. Je retourne m'asseoir et elle réapparait. Cette photo est vraiment moche mais elle illustre tellement bien ces mythologies montagnardes peuplées de fées, de géants et de monstres fantasmagoriques.    

2 commentaires:

  1. Pippo = Philippe24 juillet 2022 à 12:59

    Cher Estef, La vie ne serait-elle qu'illusions? Merci de répondre à mon mél. Bel aprèm.

    RépondreSupprimer