Mon baiser de l'hôtel de ville

A mes débuts sur le tchat de Tétu, j'avais trouvé un malouin sympa. Il était même devenu mon prince charmant. Mais la probabilité qu'on puisse se rencontrer était vraiment faible. Il discutait très souvent avec Lukas, un belge en couple hé avec enfants comme nous. Avec lui aussi sa proba était proche de zéro. Un jour il nous a mis en relation.
Nous avons commencé par une discussion à trois sur msn. Lukas allait régulièrement à Paris comme moi. Nous avons passé de bons moments à parler. Nos profils étaient proches et nos curiosités similaires. La seule différence était qu'il n'avait jamais franchi le cap, moi juste un peu alors.
Nous avons fini par allumer la cam, pour des instants brefs car nous n'étions jamais seuls. Nous nous plaisions. Il y avait un côté très adolescent dans cette relation. Un effet de nos tempéraments et de notre inexpérience. Nous n'aurions jamais échangé une photo érotique ! Malgré la cam, nous avions convenu de ne pas nous dévoiler nu et de réserver cela pour la rencontre. Nous nous contentions de quelques petits extras comme quand on remonte juste son pull un bref instant. Des ados, te dis-je. Enfin des ados de quand nous l'étions, car ceux d'aujourd'hui ont peut-être moins froid aux yeux.
Un jour, à Paris, j'avais réussi à trouver un magasin d'informatique ouvert tard après ma dernière réunion, j'avais acheté une petite caméra car mon ordinateur portable en était dépourvu. Dans la chambre d'hôtel, je lui avais offert un strip-tease soft, respectant nos règles. Il avait juste pu constater l'état d'excitation dans lequel j'avais glissé sous le tissu du caleçon.
Nous étions persuadé que nous arriverions à trouver un temps commun à Paris. Malgré nos aller-retours fréquents en ce temps là, quelques mois sont passés.
La date arrivait. Au petit matin, ma tête blonde m'avait raconté son rêve de la nuit. Son papa couchait avec un gars et ça l'avait passablement troublée. Moi aussi, tu imagines. J'y ai pensé toute la journée.
Je quittais ma province dans l'après-midi après avoir fait quelques courses. Nous devions pique-niquer dans la chambre d'hôtel, avec des spécialités locales.
Je me posais à Orly, il m'attendait à la station de RER de Pont-de-Rungis. On s'est tenu au courant de notre approche par sms.
Je l'ai reconnu derrière la vitre de la porte coulissante. Il m'a tendu sa joue et je lui ai pris la main. C'était encore peu imaginable pour moi de claquer deux bises à un garçon qui ne soit pas de ma famille ou des quelques amis proches avec lesquels on avait fini par s'autoriser cette tendresse.
On s’est installé dans le compartiment, face à face. L'impression de vivre une première fois après des années. Il était prêt à brûler les étapes plus vite que moi. Il me l'a dit ensuite, il m'aurait facilement touché. Tendre ses lèvres. Mais non, je devais paraître un peu froid et tendu.
Nous dormions à l'Ibis de la gare de Lyon.
A peine arrivé, il fallait que j'appelle la maison. J'ai dévoilé mon prénom officiel sans prendre garde, ça l'a amusé.
Lui il avait un joli accent belge, léger, mais so belge.
Ensuite...

Ensuite nous nous sommes livrés à nous-même. D'abord contre la paroi verte moquettée. Des lèvres qui se rencontrent doucement. Des mains qui glissent sous les vêtements. Une lente dépose sur le lit suivie d'un lent déshabillage.
Il s'était excusé de sa peau, un peu granuleuse par endroits. Des petites pudeurs.
Je savais comment était son sexe, sans l'avoir jamais vu. C'est le point de l'intimité de son corps qu'il avait abordé. Cette belle courbure vers le côté gauche. Il en était gêné, il avait peur que ça me rebute. Je dois dire que c'était plutôt amusant et une coche originale dans mon parcours aventureux.
Nous avons fait l'amour une première fois, par petites touches.
Je me souviens de sa délicatesse et de sa joie du partage avec une autre homme.
Il y avait comme un côté religieux.
J'étais son premier tu sais.
Il a fait une chose pour moi fascinante. Il a su me faire venir d'une manière extraordinaire. J'étais allongé soutenu par mes bras en arrière, je le regardais faire comme l'expert qu'il était déjà, bien plus que moi. Je voyais qu'il était vraiment fait pour les hommes. Quand l'explosion de bonheur m'a envahi, quand j'ai senti ma semence monter du plus profond de moi, sans qu'il lui ait donné un quelconque élan, je l'ai vue jaillir et atteindre mon buste et ma joue. Je ne pensais pas que ce pouvait être aussi fort et en tous cas, jamais je n'avais atteint cette puissance que je croyais réservée à bien plus étalon que moi.
La faim d'autres choses nous était venue. J'avais porté le pain, le foie gras et le blanc d'octobre. Il avait des friandises wallonnes.
Un peu plus tard, nous avons repris nos ébats. Il voulait tout savoir, il voulait que je sois en lui.
Ce fut la première fois que j'explorais ces nouveaux délices.
Mais il était d'une telle sensibilité qu'à chacune de mes avancées lui échappait un cri rauque de plaisir. J'étais affolé par ce que pouvait en entendre le voisinage. Je ne pus poursuivre, c'était aller au delà de mes capacités de prise sur moi.
Mais nous avons fait d'autres choses.
Plus tard, nous nous sommes endormis l'un contre l'autre.
Plus tôt, nous nous sommes réveillés. C'était doux au petit matin avant qu'on ne nous porte le petit déjeuner.
Il a fallu quitter notre nid.
Il reprenait le train vers Lyon.
Nous nous sommes quittés sur les marches du parvis de la gare.
Et là, contre toute attente, je me suis légèrement dressé car il était plus grand que moi. Je lui ai offert mes lèvres et nous nous sommes embrassés au milieu du flux des voyageurs.