Le temps a filé, à nouveau. Je n'arrive pas à me poser assez, j'ai tant de choses à faire. Et puis lui, si vieux, là-bas dont la tête s'en va peu à peu. Et puis lui, si jeune ici, dont la tête est trop pleine, envahie par toutes ces pensées, ces perceptions qui ne sont que les siennes mais qui déforment le monde.
Je ne sais plus si le meilleur reste à venir, comme me disait Maurice. Mon nouveau Steve en faisait partie pourtant il y a trois semaines. Je tremblais de peur en montant ses escaliers. Je raconterai ça plus tard. Je suis dans le doute ces temps-ci et ils n'y sont pas étrangers. Je suis mal dans mon corps, je ne sais pas regarder mon image, à nouveau un décalage entre ce que me renvoient mes perceptions et le miroir, et d'autre part le regard des autres. Pourquoi privilégier les perceptions ? Miroir, oh, miroir.
Je feuillette au bureau une brochure que je viens de recevoir. Des généralités et, à la fin, des fiches sur des actions. Je lis un titre, un nom. Des souvenirs affluent. Je me souviens d'un gars sympa, assez beau gosse je dirais. Une voix. un physique plutôt mince. Mes yeux glissent vers la droite, il y a sa photo. Je suis effaré. Méconnaissable. Non, je ne l'aurais pas reconnu, même si je crois discerner, dans ce visage bouffi, un regard qui me rappelle.
Je me suis fait peur.
J'ai peur tout simplement.
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