mardi 15 août 2017

J'étais parti sans crier gare, je reviens à reculons

Le temps des vacances d'été revenait, je ne savais plus où donner de la tête, cocher le plus de cases possible, laisser le moins de choses en plan, grimper sur le toit du monde pour terminer un cycle. Je suis parti le sommeil altéré, le ventre noué, l'esprit nauséeux.
Cela faisait des mois que je n'étais revenu au pays taiseux et des années que n'y avais passé quinze jours. La maison de la reine-mère avait bien changé. Elle était plus belle, plus gaie. La configuration des pièces avaient été modifiée. Romain, personne ne fera plus jamais l'amour dans la chambre où nous nous sommes retrouvés il y a presque trois ans déjà. Nous sommes sans doute les derniers à l'y avoir fait.
Bien des choses m'attachent à ce lieu que je n'ai jamais aimé, mais je sais maintenant que je n'aurai plus besoin d'y revenir longtemps. Je suis soulagé pour une fois de ce temps qui passe. J'ai pu profiter de ce séjour pour découvrir et vivre en d'autres lieux. Je reviendrai désormais ainsi de temps à autre en des endroits que j'aurai enfin choisis.
Au détour d'une de ces visites qui agrémentent les séjours estivaux, j'ai vu soudain ma vie et ce qu'elle avait tracé, la croisée où je n'ai pas choisi à l'aube de l'âge adulte car la deuxième voie était dissimulée dans la végétation qui avaient envahi les terrasses. J'ai alors envié ceux qui avait trouvé la sente qui s'échappait dans les bruyères et dont ils ont fait un beau chemin. J'ai vibré pour ces vieux murs qui me manquent et près desquels reposent les miens depuis tant de générations. Le temps avait passé trop vite et il était bien trop tard désormais.
Le retour a été un déchirement, j'ai filé par une route dérobée, pour ne pas voir la borne qui marque magistralement la fin du pays, pour ne pas sentir son odeur qui disparait vers les basses terres.
Il m'a fallu plusieurs jours pour émerger et ensuite reprendre le quotidien.
Mais je suis là, prêt pour le cycle suivant.



3 commentaires:

  1. Très sensible à ce beau message, pas uniquement parce que tu m'y mentionnes (3 ans déjà? que le temps passe....j'ai l'impression que c'était l'année dernière), mais aussi par ce que tu y suggères: une fin de cycle, le début d'un autre? et nos voies plus ou moins choisies de nos vies, qui seraient de moins beaux chemins que d'autres. La vie est ainsi faite: nous avons malgré tout fait nos choix, évidemment conditionnés aussi par nos environnements, nos époques, mais nous n'avons pas à en rougir non plus. Le peu que je connais de ta vie me semble plutôt assez beau, et tu ne sais pas où t'aurais conduits ces voies dissimulées par la végétation: peut-etre pas vers du bien? Pour toi comme pour moi, l'herbe semble toujours plus verte ailleurs. Elle ne l'est pas toujours. Et on peut encore aller vers ces voies dissimulées. Le voulons-nous vraiment? a quel prix?
    Comme toi, je n'ai pas de réponses à ces interrogations.Ou plutôt je continue à apporter la réponse "inconsciemment prise", que j'ai faite il y a bien longtemps, à la croisée de ces chemins.

    Si la chambre n'est plus dispo, on pourra en trouver d'autres. Même si je garde un souvenir très ému de ce lieu, que tu as bien voulu me faire partager l'espace d'une nuit.

    Bises

    Romain

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  2. L'herbe semble toujours plus verte ailleurs... les chèvres qui auraient pu me faire courir en d'autres voies ne disent pas autre chose.
    Je t'embrasse cher Romain, la distance protège nos vies, plus près nous aurions pu devenir pédés comme des phoques. Au plaisir...

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  3. la distance protège nos vies...mais si nous étions moins éloignés, nous aurions pris ces voies dissimulées par la végétation, et nous serions sans doute, et malgré tout, restés planqués à leur entrée. A moins que les chèvres nous aient ouverts la route...???
    Mais peut-etre serions-nous devenus effectivement pédés comme des phoques...
    Bises

    Romain

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