dimanche 24 janvier 2016

Ma pire nuit parisienne

Je suis toujours étonné de la rapidité avec laquelle se concluent certaines conversations préalables à une rencontre. Emballé c'est pesé, disait mon boucher. Ainsi trois images, par forcément érotiques, et quelques paroles, peuvent suffire à ouvrir un univers des possibles intéressant et la plupart du temps concluant comme avec mon plus beau cadeau de Noël.
Thierry m'avait réservé sa deuxième partie de soirée, après un diner professionnel dont il semblait qu'il se serait bien passé.

J'étais du côté de Montparnasse. Avant de le rejoindre, je pensais m'arrêter dans cette officine de la rue de la Gaité où j'avais déjà acheté de ces préservatifs fins bien adaptés à une gymnastique buccale sécurisée. En attendant je passais quelques coups de fils, allongé sur le lit de l'hôtel. Ça commençait à me démanger sous la ceinture. Je passais la main pour me gratter. Depuis quelques temps, j'avais des démangeaisons fugaces un peu partout, voire même très appuyées sur le bas du torse. Quelques lésions étaient apparues, que j'attribuais à mon grattage. Pourtant, j'avais quelques doutes, le phénomène me rappelant un très mauvais souvenir.

Quand j'en ai eu fini du téléphone, je filais à la salle de bains et je me dégrafais devant la glace. Sous la ceinture des rougeurs et là je repère une toute petite tache sombre, que j'arrive à décoller. Avec horreur, je crois reconnaitre le petit insecte détestable. Cette espèce dont on nous dit qu'elle est en voie de disparition, comme bien d'autres sous l'effet de la disparition de son habitat naturel, le poil humain... Comme on dit dans le milieu épilatoire, je ne suis pas spécialement entretenu du pubis. Pour autant, ce n'était là que ça grattait le plus.
De la bête supposée, de forme ovoïde, se détachait quelques appendices, que j'assimilais à des pattes. Difficile d'aller plus loin sans loupe. Je scellais mon sort en quelques secondes. Bien sûr j'allais me décommander. Que faire de plus à une heure où les commerces classiques ont déjà fermé ?

J'allais manger car un homme sustenté est plus à même de prendre des décisions réfléchies. Ce repas fut un vrai supplice malgré la succulente viande de cette auberge cantalienne où je m'attablais. Mon affection devenait obsessionnelle. Je me sentais couverts de morpions de la tête aux pieds. Je recherchais la cause et l'une des hypothèses m'affectait particulièrement. Les prémices de la chose m'étaient apparues trois jours après mon cadeau de Noël... Mais d'autres raisons étaient tout aussi possibles : j'avais dormi dans trois lits familiaux différents dont les draps n'avaient pas été changés...
Restait aussi le pur hasard. Tu me diras qu'il n'y a pas de hasard, mais saches cependant que le pou du corps, s'il ne colonise jamais le cheveu, peut cependant siéger dans les cils et les sourcils. Cet agréable collègue qui s'est penché sur toi l'autre jour où ce sinistre n+1 avec lequel tu t'es colleté quelques instants, voire même ta douce secrétaire, avaient peut être les orbites colonisées, et, non pas d'un saut de puce, l'insecte a pu simplement tomber sur ta chemise et de là gagner ta toison.

Ma pire nuit parisienne pouvait commencer !




5 commentaires:

  1. Euh... Désolé pour les draps visités récemment mais tu peux rassurer ta famille, la plupart des contaminations est inter-humaine lors de rapprochements affectueux... ;-)

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    1. Ah, tu trouves ça rassurant pour ma famille ?
      Ne devrais-je pas consulter un entomologue plutôt qu'un médecin ?

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  2. "Madame la Marquise m'a foutu des morpions !
    Trompettes de la renommée, vous êtes bien mal embouchées !"
    Est-ce possible, Estèf !

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    1. Voudrais-tu que je mettes au grand jour tous mes petits secrets ?

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  3. J'ai déjà donné, tu le sais! Oui, apparemment pas dû au hasard! c'était vraiment des morpions? en même temps, il peut y avoir pire!Et qu'astu donné comme explication à Thierry?

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