L'ai-je fait caler ?

Il y a plusieurs mois je pressentais que j'avais un nouveau voisin, jeune et bien fait de sa personne. Depuis j'y voir plus clair sur cette famille qui jongle avec les voitures. J'en ai bien identifié la composition, le père, la mère, le grand frère et la petite sœur. Après avoir pensé que le jeune homme qui m'avait ému était doté d'un frère faux-jumeau un peu plus costaud, je sais qu'il est unique. Mais je n'avais guère eu l'occasion de le revoir de près
Ce matin, je vaquais devant chez moi c'est à dire devant chez eux, avec un engin mécanique, coiffé d'une visière et de protections auriculaires, en vêtements de travail. Il est sorti au moment où je ratissais, certes débarrassé de mes couvre-chefs mais loin d'être à mon avantage, le visage sans doute écarlate et dégoulinant de sueur. Je tournais le dos quand j'ai entendu le portail d'en face claquer. Je me suis retourné d'un mouvement réflexe, c'était lui, plus carré que je ne l'avais cru la première fois, chaussé de lunettes de soleil.
J'ai lancé un bonjour sonore que j'ai trouvé bien trop précipité. J'ai repris aussitôt le ratissage sans entendre de réponse. Son visage était resté de marbre.
La portière a claqué. La voiture a toussé plusieurs fois avant de daigner démarrer. Elle est descendue du trottoir dans un grand bruit de casseroles qui m'a fait retourner à nouveau.
C'est en faisant un demi-tour sous mes yeux qu'il a calé en plein milieu de la rue.
Me fait-il le coup de la panne ? ai-je pensé.
Non, la voiture est repartie dans un nouveau tintamarre.