Après l'amour, on a parlé. De lui surtout. Le soleil déclinait, il était assis sur le siège du conducteur, les pieds ballants à l'extérieur, j'étais debout à la portière, nous fumions une cigarette.
Sa vie dans un pays très lointain en Asie et ses retours ici, seul, son copain plus jeune restant au loin, sans doute pour ne pas brusquer ses vieux parents dans cette campagne peu ouverte. Les choses dites pourtant. Mais ce qui est dit sans qu'on n'en voit pas la réalité ne formalise pas vraiment les faits.
On fait alors comme si, n'y pensant pas trop ou se disant que c'est une passade. Des années plus tard rien n'a changé. La voisine pose toujours la même question, et Steve n'a pas ramené de copine cette fois-ci ? Oh vous savez Steve...
Il souriait.
Je suis allé me rincer les mains à la rivière, non que j'en avais tant besoin que cela, mais toucher la rivière en hiver... L'eau était bien fraiche sur les pierres lissées par tant d'années.
Nous étions prêts à repartir.
Un regard et j'ai eu envie de l'embrasser une dernière fois car sur le parking là-haut devant le bar on ferait comme si Steve n'était pas parti avec un garçon dans les vignes.
J'y ai pensé toute la soirée dans la maison vide. Dans les draps froids sous les vieilles couvertures.
J'étais à deux doigts de l'appeler et de lui dire viens dormir avec moi.
J'aurais pu.
Je ne l'ai pas fait.
Ne pas s'attacher aux instants qui passent. Les garder juste dans son cœur. Serrés bien au chaud.
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