samedi 7 octobre 2017

J'ai coché Milan

Milan, j'en parle depuis plus de trois ans, c'était devenu une quête réciproque quasiment épique tant les embûches s’étaient mises en travers de nos agendas. Une fenêtre s'était ouverte à la fin de l'hiver. Nous en profitâmes.
Je l'accueillis dans un petit appartement que j'apprécie particulièrement. Je ne l'avais pas imaginé aussi petit, non pas qu'il soit très petit, mais je m’aperçus à cette occasion que j'avais rarement rencontré des gars plus petit que moi. J'avais préparé un petit apéritif avec bière et biscuits salés. Il ne buvait pas d'alcool. Il but de l'eau, moi la bière, mais ce n'avait guère d’importance.
Milan est nostalgique, j'ai failli dire triste. Il parle de sa voix grave et chaude, aux mélodies occitanes. Du temps qui est passé, des fins d'amour et de tendresse. Il est dans l'idée que le temps perdu ne se rattrape plus. Nous glissons dans la petite chambre intime. Dans le grand lit, il a envie de tout, très vite, trop vite, c'est une grande faim qu'il me faut nourrir, une belle soif que je dois étancher.
Il m'avait trop attendu, il devait savoir, il avait rencontré quelqu'un qui n'était pas la bonne personne, l'avait utilisé pour jouir rapidement sans lui donner de plaisir. Il s'était refermé pendant des mois, déçu, dégoûté même. Il me l'avait raconté, devenu très froid, je te recontacterai. Je l'avais laissé à son rythme. Un matin de l'automne dernier, un texto était tombé, il commençait à digérer, nous avions convenu de cette soirée de février. Et là, maintenant, il voulait tout savoir et comprendre, donner et recevoir. Avec cette envie particulière du garçon trop longtemps hétérosexuel... comme une quête quasi mystique, avec la terrible peur du passage. J'aurais pu me contenter de ces belles étreintes, de ce qu'il me donnait très simplement avec force. Je savais dès ce jour que nous nous reverrions et qu'il n'était pas besoin de se presser. Mais il voulait tant percer le mystère de sa vie.
Je ne crois pas l'avoir raconté. A l'adolescence en internat, trois camarades de chambrée de Milan l'ont une nuit attaché nu sur son lit. Ils l'ont masturbé et conduit à un plaisir intense. Il ne croit pas savoir pourquoi ils ont fait cela. Ils n'en ont jamais reparlé. Ce souvenir l'a hanté pendant les longues années qui suivirent où il se tint à distance des garçons.
J'ai essayé de le préparer au mieux, je fus le plus doux possible mais il était trop tendu encore pour me recevoir facilement. C'était agréable mais il n’atteint pas le somment tant désiré. Milan est trop nostalgique, il ne sait pas encore assez profiter du moment présent. Depuis, il attend notre nouvelle rencontre...

PS : Le titre de ce billet est un petit clin d’œil ornithologique, les naturalistes de mes lecteurs apprécieront j'espère.



2 commentaires:

  1. Le post-scriptum donne un ton encore plus nostalgique au billet.
    Cela fait déjà longtemps que les noirs sont repartis vers leurs quartiers d’hiver, et les royaux, que je ne vois que très rarement ici, en migration depuis l’outre Sarine, alors qu’ils sont bien présents au pays originel, seront bientôt presque tous au-delà des Pyrénées.
    Et il y a bien des années que j’ai coché les deux espèces.
    Merci pour votre prose.

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    1. Oui cette fois-là, le milan fut un peu noir, je l'espère royal pour la prochaine.
      Merci FM, vous me faites découvrir la Confédération...

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