samedi 2 juillet 2016
Le cœur serré
Je t'écris depuis les urgences.
Des autres salles provient un bruissement de voix. Un bip n'en finit pas de se répéter.
Je sens les tiraillements des électrodes sur mon torse.
J'ai eu peur. Cette conversation devait être difficile. Elle était en train de le devenir. Il avait pris sa voix sèche d'autorité, il était en train de me dire que nous n'avions rien compris. C'était un nouveau défi que d'accepter ce dossier. Je voulais le sortir de l'ornière.
Ce n'était peut-être pas le bon jour. Il m'avait fallu traiter trop de choses difficiles.
J'ai senti qu'il allait falloir faire preuve de patience puis sortir ma colère froide et lui renvoyer son extrême mauvaise foi.
Et soudain la douleur m'a pris sous le sein gauche. Une barre de moitié torse, pas très aigüe, mais forte, oppressante mais pas à couper le souffle. Mes oreilles ont commencé à bourdonner. J'en senti que je ne tiendrai pas. Je l'ai arrêté. Je lui ai dit que je ne pouvais poursuivre, qu'une douleur soudaine m'empêchait de continuer.
J'ai cliqué sur le bouton rouge de fin de conversation. J'avais le bourdon.
Et puis la peur de ce mauvais signe.
Je suis allé discuter avec une collègue. La douleur s'éloignait mais la peur était là.
J'ai plié mes affaires. Je n'allais pas en faire plus pour aujourd'hui. C'est là que j'ai pensé que je pourrais ne pas revenir et ranger cette pagaille sur mon bureau. J'ai pensé à mon successeur au visage inconnu. J'ai pensé à une chose que je n'aimerais pas qu'on trouve, une lettre que je n'aurais pas dû garder. Ça devait finir ainsi peut-être. Sans doute.
J'ai pensé aller voir mon docteur. J'ai dit non puis oui. J'ai hésité encore. J'ai changé de bureau pour voir une autre collègue dont c'est l'heure habituelle de départ. Je lui ai expliqué. L'émotion m'a envahi. C'est terrible d'avoir peur pour soi ainsi, c'est pour les autres qu'on doit avoir peur, pas pour soi. Je lui ai demandé de me conduire aux urgences.
Maintenant j'attends. Tout semble bon mais le docteur préfère une deuxième prise de sang. L'électrocardiogramme n'est pas tout à fait clair.
Je sais au moins que j'ai un pouls de sportif.
J'attends donc, sans inquiétude maintenant.
Je suis sorti dans la nuit.
J'ai dû passer par l'accueil pour les formalités administratives. Mes jambes ont flageolé. J'ai senti les prémices d'un malaise vagal envahir mon cerveau. Je n'avais pas envie de retourner là-bas. Le veilleur mettait un temps fou à photocopier la carte vitale, la carte d'identité, celle de la mutuelle. Il n'y avait pas de chaise. Il fallait que je boive. Je me souvenais d'une bouteille dans la voiture. J'ai respiré à fond, lentement. Les brumes se sont dissipées doucement.
Dans la voiture il n'y avait pas d'eau. J'ai pensé que je n'étais pas prudent. Il me restait 15 km à faire, en partie sur une route sinueuse. Je suis rentré, épuisé.
Il faut que je change de rythme, j'y travaille mais ce que j'ai a faire pour y arriver est long et difficile.
4 commentaires:
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J' espére que tu vas mieux . Si l'hôpital t' a laissé sortir rapidement , une fois l 'ECG fait , c' est qu'il n' y avait rien de trés inquiétant . Bien sûr il faut chercher la cause de cette douleur de la poitrine et répéter les examens .Ne t' inquiéte pas trop .
RépondreSupprimerÇa va, meilleure journée, j'ai marché un peu, pas d'essoufflement, vu des amis à se changer les idées...
SupprimerDiastole, systole, ça me rappelle des situations analogues d'hyper stress: quand le cerveau commande le coeur la boussole à tendance à s'affoler...
RépondreSupprimerEn effet, c'est le stress qui m'a déstabilisé...
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