J'ai déjà dit ici ce que je pense de certains symboles de la République. Je reviens sur ce billet commenté à l'aigre-doux par Celeos. Qui y avait-il de provocateur ? Ma présence, l'illustration du billet par deux jeunes gens pleins d'innocence, la recette décalée sur l'organisation de la minute, pourtant basée sur du vécu ?
Mais pourquoi vais-je donc deux fois par an au monument aux morts ?
Je n'avais jamais eu l'idée de célébrer ces deux évènements quand je vivais en grande ville. Ou plutôt, j'avais toujours négligé de le faire. Ce n'était pas dans la culture de ma famille et de son cortège de libres-penseurs et de cocos. On ne va pas voir défiler des chars et des uniformes. Au service militaire, l'autorité ne n'avait pas sélectionné pour le défilé du 8 mai : je n'arrivais pas à marcher au pas. Dès qu'on me lançait sur le bitume, Maxime le Forestier et son Hymne à sept temps venait supplanter les airs de Déroulède. Je restais donc consigné à la caserne...
Mais dans un village tout est différent. Je suis devenu attaché à l'idée de communauté villageoise. Celle qui fait qu'on se rassemble au bar, au foyer, à la buvette de la fête, et au monument aux morts sans distinction d'âge, de sexe, de couleur, de culture, d'idées politiques et de religion. Voire de sexualité, mais ça bien sûr on n'en parle pas, un village quand même, qui plus dans un territoire assez retardé aux dires d'Emmanuel Todd, puisque le droit d'ainesse y existerait toujours*. Je ne cite pas l'église dans mon énumération car là, par contre, tout le monde n'y va pas, sauf pour les enterrements.
Au monument, ce qui nous rassemble a minima ce n'est pas le souvenir de la guerre et de l'armistice, ce n'est pas le discours lassant d'un énième secrétaire d’État aux anciens combattants, c'est simplement la mémoire de ces jeunes du village qui ont péri et qui n'ont pas interdit que l'on pense à eux. Certains d'entre eux sont sortis de ma maison.
Ce qui me fait chanter la Marseillaise ce jour là, ce n'est pas le symbole dont je me contrefous, mais c'est l'amitié pour le maître de chant, qui le trouve convenable, mais ça n'engage que lui. Je préférerais chanter un air de Beethoven, on l'a eu fait d'ailleurs.
Ensuite, on va boire un coup, et là rien ne m'empêche, si cela vient, de dire ce que je pense de ces symboles.
Et tu vois, ici, et pas ailleurs, je préfère ça que la posture de mes amis gauchos qui n'y mettent jamais les pieds.
* Je rappelle en passant qu'il s'agit en réalité du droit de la Maison (le bien), notion incompréhensible et intraduisible dans notre droit républicain, et que ce n'était pas toujours une sinécure pour celui (homme ou femme d'ailleurs) qui en héritait.
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