jeudi 18 février 2016

Le joli garçon brun

J’avais rejoint la grande place dans la nuit. Le froid était revenu mais j’étais bien couvert. Je suis arrivé le premier. J’ai pu profiter du lieu, regarder la belle façade, les drapeaux se mêler dans un légère brise. Les fenêtres du théâtre étaient éclairées. J’ai pensé à ce que j’avais pu y faire autrefois.
Un texto m’a signalé qu’il arrivait dans deux minutes. Je me suis rapproché de la rue par laquelle il allait venir. Le téléphone a sonné. La conversation a duré treize secondes. Il m’avait déjà repéré. Il s’est approché de moi, avec un sourire léger. On s’est regardé et très vite il m’a tendu ses joues, je l’ai embrassé sans crainte d’être observé, sa courte barbe était douce.
Il avait voulu qu’on aille prendre un verre ensemble d’abord. J’appréciais dans cette circonstance d’éviter un plan direct. Il a hésité. Les bars de la place étaient quasiment déserts. On aurait pu rejoindre un endroit plus animé. Nous sommes partis à l’opposé. Je crois qu’il savait où aller. J’avais connu ce bar à divers âges sans l’avoir vraiment fréquenté. Je me souvenais encore du bistrot démodé aux banquettes en moleskine et aux grands miroirs à l’époque ou chaque quartier était un village. C’était devenu une brasserie au décor discret. Nous avions engagé la conversation dans la rue, sur nos activités respectives, puis sur ses études. On a parlé de son origine, de ses perceptions de notre pays. Il a une belle voix grave et parle un français impeccable aux accents orientaux. Il avait choisi une bière blanche, j’avais pris une blonde. Quand nous eûmes finis nos verres je lui demandais s’il voulait bouger. Il acquiesça. Je réglais les consommations, je trouvais cela gênant, je ne tenais pas spécialement à le faire, il me dit d’ailleurs que je n’y étais pas obligé, mais je n’avais qu’un billet.
Il était d’accord pour poursuivre notre soirée. Nous sommes allés à l’hôtel.
Il n’aimait pas les hôtels qu’il trouvait trop froids. Je l’avais prévenu que celui-ci serait plutôt agréable. La chambre était simple mais avec un souci de décoration, une photographie encadrée en format paysage représentant une vision nocturne d’un des ponts de la ville, un jeté de lit tranchant sur la couette blanche et des coussins assortis. Il la trouva jolie.
A priori il n’aimait pas embrasser. En réalité, il préférait que ce soit à son initiative et pouvait devenir assez dévorant. Je le laissais prendre l’initiative, de m’inviter à m’allonger sur le lit puis sur le scénario de notre découverte. J’avais quelque appréhension, les dernières semaines m’avait gonflées de quelques trois kilos et je ne voyais que ça dans la glace.
Sa douceur était infinie et j’y répondais bien. Quand nous fûmes nus, j’ouvrais les draps pour y glisser ensemble. Il me demanda comment je la trouvais. Il parlait de sa belle queue bien développée. Elle était désirable. Il voulut que je la suce mais très vite me demanda de ne pas le faire si j’avais sucé un autre garçon. Son visage était devenu inquiet. J’évoquais la prudence d’un préservatif mais aucun de nous n’en avions. Un accord tacite nous souda aussitôt, nous nous passerions de ce jeu.




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