Le chat et la souris

Il était temps que je me remette à courir. Je ne l'avais pas fait depuis deux mois. Je devais faire disparaître deux petits kilos dont tu me diras que ce n'est pas grand chose. Sauf que ma constitution donne l'alarme avant même le premier kilo. Je le sens au niveau de la ceinture et à la moindre compression, en position non verticale, j'ai la sensation désagréable du ventre qui a poussé. Certes microscopique mais tout est dans la tête, tu le sais bien !
J'étais prêt et je suis passé par la porte de derrière. Le chemin rejoint la rue principale à la sortie du village en une fourche à deux dents inversée, vu de mon arrivée. Avant ce carrefour, deux ruelles parallèles joignent les deux voies en une figure à laquelle tu pourrais facilement appliquer le théorème de Thalès s'il t'en reste quelques souvenirs.
Un coureur cheminait sur la rue. Nous courrions à des vitesses dont le rapport était proportionnel à celui des côtés correspondants car je l'ai aperçu par deux fois par les ruelles-fenêtres. Sans pouvoir l'identifier mais avec l'espoir qu'il s'agisse de mon jeune voisin.
Un petit champ de vue occupe la pointe qui précède le carrefour. J'ai eu un temps bref pour l'observer de biais. Nous arrivâmes ensemble mais chacun d'un côté de la route.
Bonjour.
Le mot a fusé des deux bouches sans qu'on ne sache qui l'avait prononcé en premier, sans qu'aucun regard ne soit échangé.
C'était lui.