Samedi. Il est 18 heures. On s'appelle. Maurice n'en finit pas d'hésiter. L'idée d'une randonnée en montagne est devenue irréaliste. Il faut faire simple. Je lui propose ce lieu intermédiaire, où nous ne connaissons personne. Un endroit saturé de monde en plein été, idéal pour passer inaperçu. Il hésite encore. Alors, je le pousse dans ses retranchements. Dès lundi, je ne serai plus seul. Quelle occasion se représentera ?
Je le sens flancher. Il ose enfin. Il nous faut un peu de marge de manœuvre pour bouger. Nous allons nous retrouver à 22 heures au plus tard. Il s'occupe de réserver l'hôtel. Il arrivera sans doute un peu avant moi.
Je jubile. C'est merveilleux ! Le temps de faire mon sac, de vérifier que ma ménagerie ne manquera de rien. Je suis en route, je cavale presque hors du temps, avec prudence cependant, je veux arriver entier. Ces deux heures trente de voyage sont exquises. Une sorte de transe.
En écrivant, je revis ces instants. Je le revois à ma rencontre sur le parking. Ce sourire et cette envie de l'étreindre, réciproque. Mais nous évitons toute démonstration extérieure.
Je pourrais te dessiner le plan de l'hôtel, te guider vers la chambre immense, la seule qui reste, pour quatre personnes. Là nous faisons l'amour. Tout de suite. Avec férocité et lenteur, pour profiter de chaque seconde. Nous nous sommes perdus, je ne saurais te dire comment nous avons fait. Nous sommes maintenant serrés l'un contre l'autre, nos élixirs de plaisir mêlés.
Nous avons faim. Nous partons nous doucher. Je découvre son savon qui me remémore l'enfance avec son odeur d'amande amère. Nous nous savonnons mutuellement. Je le rince, il me rend la pareille. Cette façon de se toucher, des gestes doux empreints de tendresse.
Nous voilà dans la vieille ville. Il se fait tard, il n'y a plus grand monde. On aborde nos âges. Nous découvrons un écart que nous n'avions pas imaginé. Il a atteint une maturité intellectuelle et physique qui le pose plus que son âge ; j'ai toujours fait beaucoup plus jeune, enfin je faisais encore à cette époque. L'écart est du double que ce que nous imaginions. Il me parle de sa famille. J'ai eu un peu peur qu'il ne projette sur moi l'image d'un père. En réalité, il n'y a guère de risque, son père est aussi de loin de moi que je ne le suis de lui. Il me parle de ses amis, de ses amours. Cette question d'âge n'a aucune importance même si les ombres d'Harold et Maud ont un instant plané.
Nous marchons encore un peu dans la ville avant de rejoindre l'hôtel. Je suis ému d'être entre ces murs chargés d'Histoire qui représentent tant pour moi. Je n'ai pas choisi le lieu au hasard. Je viens de lire un épopée moyenâgeuse qui passa par ici.
Nous rentrons.
Redécouverte de nos corps, effeuillage sensuel, sourires tendres, nous refaisons l'amour. Ses caresses sont magiques, j'éprouve des sensations inédites. Il éveille des lieux que je ne croyais pas si sensibles. Quant à son corps, je ne sais dire combien je suis subjugué. Je le ramène au paroxysme. Il veut m'y conduire aussi, mon érection est sans faille, mais je ne viens pas. Il se passionne pour mon membre érigé, la fatigue tombe, il s'épuise en vain, quand enfin je le rejoins. Il me dit, défait mais heureux, je crois que j'ai trouvé comment te faire jouir. La nuit nous emporte enlacés et émus.
J'aimerais bien me faufiler dans le personnage de Maurice.
RépondreSupprimerJe pense lui ressembler dans ce qu'il capable de donner avant de recevoir.L'amour c'est ça!
Pierre
Ah Pierrre ! En commentant ici, tu me fais retrouver ces instants qui sont restés intacts dans ma mémoire !
SupprimerJe te donne des regrets ou des espoirs?
SupprimerPensées de Pierre