jeudi 27 mars 2014

L'hommage des temps

De passage à Paris cette semaine, j'ai aussi mangé avec Lucien. Il a atteint la quarantaine et finalement je trouve que la maturité lui va moins bien qu'à Pio. L'un des dernier posts de Quentin revenait sur la question récurrente de l'outrage des temps. Il m'est d'avis que dans beaucoup de cas on pourrait considérer qu'il s'agit d'un hommage.
L'image que l'on donne est une savante combinaison entre l'état de notre corps et la perception que nous en avons. Celle ci se traduit dans nos expressions, nos postures et finalement dans notre rayonnement et notre capacité de séduction. J'ai envie de dire à ces jeunes gens qui brûlent leurs cartouches en pensant qu'ensuite il sera trop tard, que la vie leur réserve encore de très belles choses. Loin de moi une idée moralisatrice et une incitation à réfréner des ardeurs, non, seulement redire cette phrase en apparence simpliste que m'écrivait Maurice : le meilleur reste à venir.
Adolescent, j'avais reporté sur ma carte de lycéen ces mots extraits du dernier disque de Jacques Brel "mourir cela n'est rien, mourir la belle affaire, mais vieillir oh vieillir !". Certaines de mes amies projetaient de ne pas dépasser la trentaine ; je serais curieux de savoir ce qu'elle sont devenues. Je m'étais bien fait à l'idée de vieillir avec ces cheveux blancs si tôt arrivés, le doute était cependant venu et je le dissipe  facilement aujourd'hui.
Lucien fait partie de ces personnes qui peuvent qualifier leur vie passée de dissolue quand ils trouvent enfin un équilibre dans une vie normée avec des côtés conservateurs. Ses cheveux longs était devenus si peu rebelles, sa barbe de rabin et ses vêtements policés lui donnait un air si rangé et classique, ses prises de position étaient devenues si tièdes voire réactionnaires que je reconnaissais mal le beau garçon qui m'avait initié. Je n'en gardais pas moins une immense affection pour lui.
A contrario, Pio un peu plus âgé me paraissait avoir pris un bain de jouvence. Ça tombait bien, c'est avec Pio que j'avais repris langue...

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