mercredi 15 janvier 2014

Le premier ami

Je n'ai pas le souvenir d'un ami avant lui.
A la maternelle, je ne me souviens que de petites filles. Celle qui me donnait la main lors de la fête de fin d'année de la grande section, ou celle avec qui nous faisions des araignées en feuilles de platanes délimbées pour faire peur aux autres enfants.
Peu de souvenirs, non plus, du cours préparatoire.
Émile est arrivé l'année suivante.
Je ne sais comment nous avons sympathisé mais nous ne sommes plus quittés de longtemps. Souvent, après la classe, l'un de nous raccompagnait l'autre, on goutait chez lui, puis on se raccompagnait encore, parfois plusieurs fois.
Ce fut une belle amitié. Nous étions inséparables, et cela dura sans nuage quasiment jusqu'à la fin de la cinquième.
Ensuite, ce fut plus difficile. Au collège, dans la cour des grands, les regards se concentraient sur les filles. Je n'avais d'yeux que pour lui. je n'y voyais que de l'amitié. Naïveté ? Moi aussi, je croyais avoir mes béguins de filles. Mais tant qu'il n'était pas dans la cour, j'avais l'impression de ne pas exister. Je crois que j'ai fini par l'oppresser. Peut-être, certains avaient fait des allusions, je ne sais.
Le temps était passé où nous regardions la télé le jeudi après midi sur le canapé de ses parents.
Il fut parfois très dur avec moi, et même une des causes de mes renfermements d'adolescent. Nous étions si proches...
De plus en plus désunis dans la cour et dans la vie, nous ne nous quittions pas en classe, au point que les professeurs nous confondaient parfois. Certains nous considéraient comme un binôme indissociable et nous appelait d'un seul prénom, Émile-Étienne, Étienne-Émile selon les jours.
Nous sommes restés amis au lycée, dans un cercle élargi où nous avons pu trouver nos marques et un certain équilibre. Il était devenu très beau et je me trouvais bien pâle figure à côté de lui. Je n'avais pas ses succès...
Nos premières vacances d'adolescents se passèrent ensemble. Un mois de camping sauvage. 2 couples et 3 gars seuls, dont nous deux. Un mois sous la même tente... Belles vacances.
C'est là que je le vis nu pour la première fois.
Notre relation a toujours été chaste, mais des années après certains détails me reviennent. Comme ce moment dangereux - nous étions au cours moyen et le maître-directeur pouvait survenir d'un moment à l'autre - où 5 ou 6 garçons s'étaient éclipsés de la cour de récréation, pendant l'étude, dans le vestiaire de l'école primaire . Il s'agissait d'un classique "qui sera cap de montrer son sexe aux autres". A cet époque les déshabillages de piscine était particulièrement protégés par nos serviettes. Après bien des tergiversations, un seul a osé et nous étions tous repartis assez honteux de ce manque de courage.
Je ne sais si ce fut quelques jours plus tard, à moins que nous ne fussions déjà au collège, Émile et moi avions tenté un jeu similaire. C'est amusant car nous n'avons fait ça qu'une fois dans notre enfance. C'était dans ma chambre et le jeu avait consisté à tenter de toucher l'objet du désir dans le pantalon de l'autre. Je fus le plus vif mais Émile ne voulut pas le reconnaître...
Au collège, nous allions bien sûr à la piscine. Il y avait un vestiaire collectif où nous nous changions ensemble, chacun faisant au mieux de sa pudeur. Émile faisait partie de ceux qui évitaient soigneusement cette salle et usait des cabines individuelles. Je finis un jour par oser la nudité complète, comme la plupart de nos camarades, ce qui me valu une superbe érection sous les yeux étonnés de P., le seul qui s'en aperçu mais resta discret... Je fis comme si de rien n'était mais je n'osais plus me passer de serviette.
Revenons à Émile et à ces vacances adolescentes. Je conserve quelques photos légèrement impudiques. Mais cette année-là, les images de ce type furent assez fugaces. Ce fut l'année suivante, que nous avons osé plus longuement la nudité au soleil. Émile était au zénith de sa beauté adolescente. Un corps bronzé, un large buste aux fins pectoraux et un bassin étroit, que je ne me lassais pas d'admirer discrètement. Il était circoncis. Sans doute le résultat d'un phimosis d'enfance. Voilà ce que le jeune garçon cachait dans les cabines de douche.
Je n'ai pas revu Émile depuis la fin de notre adolescence. Je l'ai simplement appelé pour des anniversaires. Nous avons parlé comme si on s'était quittés la veille.

...

J'avais envoyé une première version de ce texte à un ami. J'ai rêvé d’Émile quelques jours plus tard. Je me souviens rarement de mes rêves, et qui plus est, quand je m'en souviens, la plupart du temps, je n'en connais pas les protagonistes.
Aussi, quand un rêve me reste avec des gens que je connais, j'ai toujours un certain trouble.
C'était une petite salle de concert, il me semble, il y avait de la musique. Tout le monde était debout et regardait vers le fond de la salle, où il se passait quelque chose. Tout d'un coup, je l'ai vu un peu en avant sur la droite, nos regards se sont croisés. Il avait peu changé, peut-être le visage à peine empâté. Il m'a souri. Nous sommes retrouvé dehors. Notre accolade s'est vite transformée en baiser fougueux.
La scène suivante est sans décor. Nous sommes nus, son pubis est imberbe et son sexe est mon sexe d'enfant. Ce petit sexe fin, bien dressé. le prépuce serré sur le gland.
Je suis sidéré. C'est incongru ! J'ai aussi en tête l'image de son sexe de jeune adulte, ce gland circoncis sur un court pénis reposant sur de belles boucles brunes.
Le rêve s'arrête là...

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