Je revenais deux jours à Paris et je me faisais un plaisir de revoir Jim. Je me suis installé dans l'appartement en milieu de matinée. Il devait passer vers 13 h mais comme il avait le temps nous sommes allés mangés ensemble dans un restaurant du quartier. Le repas fut convivial, en terrasse, à échanger sur les épisodes notables de nos vies depuis trois mois qu'on ne s'était vus. Puis chacun est reparti retravailler. Je m'installais en mode télétravail dans la chambre, à moitié nu dans le lit tant il faisait chaud. A l'heure où il est rentré, je m'étais assoupi, je l'ai entendu vaquer à l'étage inférieur. J’espérais qu'il monte, soulève la couette et se glisse contre moi. J'entendais des voix maintenant, il devait être au téléphone. J'ai envoyé les quelques messages resté en suspens à mon engourdissement, puis je me suis libéré de deux ou trois appels téléphoniques avant de descendre le rejoindre.
Il était dans la cuisine un bon verre de vodka à la main. J'ai accepté de l'accompagner un peu inquiet de la tournure que pouvait prendre la soirée. Le téléphone sonna, je le laissais pour une conversation privée. Quand je redescendis, il était calé sur la canapé devant sont ordinateur, Il était agacé par un commentaire peu amène en ligne. Il voulait absolument répondre. Le téléphone sonna x fois dans la soirée. Des collègues. Puis des amis qui s'inquiétaient de sa solitude. Par moment je me calais contre lui, calin, il répondait un petit peu, amical. Les heures passaient, il n'avait toujours pas fini le message. Il ne semblait pas avoir faim alors que le niveau de vodka baissait dangereusement dans la bouteille. Quant à moi, je n'avais pas bu de deuxième verre.
La fatigue commençait à m'envahir. J'ai proposé d'aller se coucher. Je n'ai pas tout compris ensuite de ce qu'il m'a dit. Il n'était pas sûr que ce soit une bonne chose de venir avec moi. Était-ce parce qu'il était saoul, craignait-il de s'attacher à moi ? Son verbe était de moins en moins clair. J'ai fini par me lasser, j'allais monter, il n'avait qu'à faire ce qu'il voulait.
La fumée de ses cigarettes envahissait la chambre, j'ai ouvert la fenêtre de toit. Il est venu plus tard après un dernier coup de téléphone. Les effluves d'alcool le précédaient. Il titubait, cogna la porte et les murs. Il s'est mis à chercher quelque chose bruyamment. J'ai pensé qu'il allait réveiller le canadien qui dormait dans la deuxième chambre. Visiblement il ne trouvait pas, il est redescendu pour remonter une heure après. Il n'avait toujours pas trouvé son téléphone... Il a allumé et c'est à ce moment là je crois que le moustique est entré. Le téléphone était au pied du lit. Maintenant il n'arrivait pas à le mettre en charge. J'ai réglé le problème en le branchant sur mon chargeur. Il allait enfin pouvoir s'allonger.
Il puait l'alcool mais j'avais envie de retrouver l'émotion si forte de nos premières étreintes. J'aurais mieux fait de laisser tomber. J'avais dans mes bras un poids mort maladroit en pleine débandade. Quelle persévérance il m'a fallu pour lui redonner de la vigueur... Quand il revint à lui, enfin, ce fut pour très vite tenter de me prendre. Son envie n'était pas pour me déplaire, mais pas au point d'éviter toute protection. Je lui demander de rectifier le tir mais il n'avait pas de préservatif. Pardon, me dit-il avant de s’effondrer aussitôt dans un sommeil profond et agité, rythmé par une respiration bruyante et des grognements.
Je restais sans plus pouvoir dormir à son côté. Le moustique s'était mis à me dévorer. A cinq heures du matin, j'allais m’allonger sur le canapé pour enfin trouver un peu de repos.
Il dormait encore quand je suis parti travailler, je m'étais allongé contre lui après la douche, dans un élan d'affection dont je savais qu'il serait le dernier.
Le soir je lui ai raconté cette nuit dont il ne se souvenait pas du tout, puis je suis sorti, je n'allais pas renouveler l'expérience d'une soirée à l'attendre. Quand je suis rentré, très tard, il était encore au téléphone un verre à la main. Je n'avais pas mesuré à quel point il noyait sa solitude dans l'alcool. Je suis allé dormir seul.
Je suis parti le lendemain matin. On s'est quitté dans une bise amicale. Je n'oublierais pas Jim mais je savais que je ne pouvais malheureusement pas l'aider.
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