jeudi 18 novembre 2021

Chaussettes orphelines

Il m’a fallu du temps avant d’accepter d’apparier deux chaussettes différentes. Mais d’aucuns avaient pris l’habitude de se servir dans ma boîte à chaussettes et le retour ne se faisait pas forcément sous forme de paire.

Comment peut-on générer autant de chaussettes dépareillées dans une famille de quatre personnes ? Je n’avais jamais pris conscience d’une telle quantité. Parfois une jumelle revenait au bout de quelques jours, semaines ou mois comme par enchantement. Certaines ne sont jamais revenues dont une pour laquelle je nourrissais une particulière affection, la plus belle paire de chaussettes que j’eusse porte de toute ma vie. Je la pleurais longtemps et je dus en faire le deuil. Des associations et entreprises recueillent les chaussettes dépareillées pour leur donner une nouvelle vie en les appariant au mieux à nouveau. J’ai pensé en envoyer mais finalement je fais mes propres nouvelles paires. Je m’assoie sur les couleurs et j’essaie plutôt de tenir compte des textures. Je n'ose pas imaginer passer une journée avec un pied dans du lin écossais et l'autre dans du coton d'ailleurs. Là par exemple en ce moment, j’ai une chouette paire de chaussettes de sport à peu près de la même longueur et du plus bel effet yin et yang. On pourrait gloser sur la terminologie, les chaussettes dépareillées sont devenues orphelines et moi-même j’ai longtemps parlé de chaussettes veuves avant que d’arrêter eu égard à mes chères amies qui ont perdu leurs compagnons. Je réalise que j'avais déjà écrit sur les chaussettes, un billet qui avait connu un franc succès d'ailleurs. C'est le risque, comment ne pas se répéter ? C'est sans doute la faute à la chaussette que j'ai rencontré ce matin en plongeant une main dans la poche de mon peignoir.

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