De chair et de sang

Quand elle a baissé mon caleçon avec délicatesse, il n’y avait plus rien et je me suis senti tel un gastéropode à coquille quand le pied s’est totalement rétracté. J’avais appréhendé l’instant mais pas vraiment de telle manière. Le guide d’hospitalisation ne signalait pas ce qui devait se passer mais je savais qu’une telle intervention dans la sphère pubienne nécessiterait un rasage total.Or tu connais mon caractère érectile et il est vrai que le seul fait de me raser moi même déclenche une érection très gênante pour ma discrétion maladive. L’infirmière n’eut pas à déplacer la verge pour raser mes bourses tant le sang s’en était retiré. J’étais sidéré de l’état de mon sexe et d’y penser n’y changea rien. Explique t-on aujourd’hui à tous les jeunes garçons la différence entre une verge de chair et un pénis de sang ? Je n’ai vraiment pris conscience de la nuance qu’il y a quelques années grâce à une vidéo Brut qu’un ami m’avait partagée.
Un peu plus tard l’anesthésiste me prépara au sommeil chimique en me chuchotant à l’oreille. Elle me suggérait de penser à de belles images. Instantanément Maurice à la plage et Mateo au lit apparurent. Je les chassais vite tant l’afflux immédiat de sang pénien m’inquiéta. J’évoquai alors des souvenirs plus chastes afin d’éviter que mon abandon forcé dans le plus simple appareil ne s’accompagne de postures qui pourraient être jugées obscènes. Mais on ne commande pas ce genre de choses et je ne sus rien d’éventuels émois. Qui ferait le retour à un patient de ses vibrations opératoires ? Je souligne à quel point dans ces deux interventions estivales, les soignants et leurs aides furent délicats et respectueux de mon intimité, ma pudeur n’en demandait pas tant bien sûr mais comment ne pas apprécier d’être traité ainsi, en humain et non plus comme un simple corps médical. Je fus impressionné aussi de constater l’immense prise sur soi de ces personnes alors que l’hôpital public n’en finit pas de sombrer.