mercredi 26 novembre 2014

Devrais-je en avoir honte ?

C'est un commentaire sur le dernier billet de Quentin Mallet qui me trouble et a fait rejaillir cette histoire. La deuxième fois où je suis passé à l'acte avec un garçon.
Il y avait eu Valentin. J'avais ensuite éloigné de moi cette idée des hommes. J'avais bien sûr connu quelques troubles à différentes occasions, notamment quand je croisais Lucien, mais je ne me souviens pas d'une telle attirance.

Nous avions été dépaysé. C'était un choix familialement partagé mais j'en étais la cause. Et finalement l'incidence sur notre couple fut plus forte qu'imaginée. La femme de ma vie a vécu son nouveau cadre professionnel plus mal que moi, il s'en est suivi une forme de repli à effet sexuel.
J'évoluais quand à moi dans un monde jeune et dynamique, excitant, dans lequel je devins vite un repère pour mes jeunes collègues.
Il m'a touché tout de suite. Ils m'ont touché car il était deux, mais le deuxième était plus discret, plus insaisissable. Deux beaux gosses de 21 ans et j'en avait 30.
Nous sommes devenus très vite amis, son sourire me faisait fondre. Nous avions des discussions passionnantes. Quand nous partions en déplacement nous étions toujours ensemble et nous dormions dans la même chambre. C'est ainsi que je l'ai vu nu à plusieurs reprises. Je le trouvais très beau même s'il n'était pas canon.
Je crois que je suis tombé amoureux.
Je n'ai jamais rien tenté. Juste une fois, nous étions dans un bus étroit et nos deux cuisses sont restées collées pendant tous le trajet.
Cette relation était si belle et forte que je n'imaginais pas franchir le cap. J'ai toujours veillé à isoler le monde professionnel. Notre relation était très fraternelle ; nous y trouvions ce qui nous avait probablement manqué dans nos cercles familiaux.

J'étais assis sur le lit dans le noir.
Trois années s'était écoulées. Nous avions muté et nous nous retrouvions pour un séminaire qui devait sans doute être la dernière occasion de nous revoir compte tenu des divergences de nos vies professionnelles. Il s'était installé à Paris avec sa copine, j'avais rejoins ma province. 
La dernière soirée du séminaire avait été festive et nous nous étions rentré nous coucher dans la nuit. J'avais réservé une chambre à deux lits. J'avoue avoir une arrière pensée.
J'étais assis sur le bord de mon lit dans le noir et lui s'était allongé dans le sien.
Je n'arrivais pas bouger. C'était un vrai déchirement de le sentir nu sous le drap à quelques dizaines de centimètres et de penser que le temps allait filer.
Il a senti que je n'étais pas couché encore. Il a dit quelque chose. 
Alors j'ai parlé. Je lui ai dit mon attirance.
Je lui ai demandé s'il ne s'était jamais douté de rien. Non, puis peut-être maintenant que tu le dis. Comme toujours sa gentillesse, son empathie.
Je ne devais pas aller plus loin.
L'idée des garçons ne l'effrayait pas mais il n'était pas attiré, il était hétéro. Sa copine, etc.
Je devais m'allonger dans mon lit et on aurait continué à parler un peu, puis le sommeil nous aurait saisi.
Je n'y arrivais pas.
Je ne pensais plus qu'à ça.
Le serrer tout contre moi.
Il y a eu un silence.
Comment ai-je pu ? Pourquoi a-t-il dit...
Je peux venir près de toi ?
Si tu veux.
Je me suis allongé tout contre lui en évitant qu'il ne sente mon sexe tellement tendu.
Et peu à peu je l'ai enlacé, j'ai épousé son corps. Il s'est laissé aller et s'est donné comme ça. Il ne m'a seulement pas offert ses lèvres et son sexe est resté à peine développé. Je suis resté très soft pour le respecter. Je suis parti à la découverte de son corps avec mes mains et mes lèvres, ma langue parfois aussi. Il était d'une douceur extrême, il se laissait faire m'effleurant juste du bout de ses doigts.
Nous avions dansé et transpiré une partie de la nuit et pourtant son corps sentait bon comme s'il sortait du bain. 
En écrivant je ferme les yeux et je revis cet instant délicieux.
Je me suis consacré à lui, pas une seule fois je ne me suis touché. J'ai laissé mon érection à l'écart, du moins ce n'était qu'un doigt de plus dans cette rencontre tactile.
Soudain, je ne m'y attendais pas, je l'ai sentie venir du plus profond de mon bassin, elle est montée comme ça  violemment, elle m'a fait pousser un cri rauque, j'ai voulu me relever mais je n'ai pas eu le temps, ma semence s'était déjà répandu sur sa cuisse et son côté. Je ne voulais pas le tacher mais le plaisir qu'il m'a donné a été le plus fort.
Il a eu peur de mon cri, je l'ai rassuré.
Je me suis étendu près de lui, je l'ai essuyé.
Un plus tard.
Tu veux que je te laisse dormir seul ?
Oui, si tu veux bien.

Au matin, nous étions deux amis.
Nous avons pris le petit déjeuner, puis il m'a accompagné à la gare. Je l'ai arrêté un peu avant, je ne voulais pas qu'il vienne sur le quai.
Et là près d'une fontaine, je me suis excusé et je lui ai dit aussi que j'étais heureux de l'avoir fait.
Il a eu des mots simples. Nous sommes embrassés en amis. 

Je suis monté dans le train au bord des larmes.

Il est resté un ami.


6 commentaires:

  1. tres tres beau !! C'est surement parce que j'ai vecu une passion similaire que je suis si emu ...
    merci

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    1. Merci du commentaire, un petit pseudo peut-être pour ne pas rester totalement anonyme ? :-) et sinon, n'hésite pas à raconter !

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  2. Petite (oxymore !) émotion en lisant ça. Je n'ai jamais connu ça. Pour moi l'attirance a toujours été réciproque et je finis par me demander si je ne suis pas passé à côté de quelque chose. Mais il faut l'occasion de proximité aussi et ma vie personnelle ou professionnelle ne s'y prête guère.

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    1. On passe toujours à côté de tas de truc, et là je n'ai pas voulu raté, mais ça pose question quand même non ? Je vous trouve complaisants...

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  3. J'ai toujours eu cette hesitation, qui ne m'a jamais fait franchir le pas, oser, comme tu l'as fait ici. Je me suis toujours demandé à quels détails on pouvait savoir si l'autre répondrait à nos avances. Je pense que tu as bien fait, il faut savoir oser, tout en mesurant les risques. C'est la vie en fait.
    Ce qui m'épate , c'est que c'est la seconde fois où tu es passé à l'acte! tu es sacrément téméraire, tu devais en avoir vraiment très envie!

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