Il m'a manqué, ce dernier soir d'élection, de l'appeler. C'était devenu un rituel depuis bien longtemps. depuis peut-être que j'avais quitté la maison et que je ne votais plus dans le même bureau, cette salle de classe où j'avais vécu le cours moyen. On faisait le point sur les résultats. Pour les élections locales, je voulais savoir qui était passé, pour les nationales qui était arrivé en tête.
Cette soirée, je l'ai vécu comme sur un nuage noir. Déjà, aux résultats en mairie, pour la première fois de ma vie ici mon vote était très largement minoritaire et en dessous du score de l'extrême-droite qui repoussait encore une fois la limite de son score aberrant pour un petit village tranquille.
Pendant la soirée j'appréciais la dignité de Benoit Hamon et je restais effaré par l'intervention de Mélenchon. Au moins, je ne regretterais pas de ne pas lui avoir donné ma voix. Bien sûr j'avais été tenté par l'insoumission, écartelé par le réalisme que je côtoie au quotidien et dont je sais tant faire preuve et l'envie de voir porter autre chose.
Pour la suite, je pensais à lui, qui n'aurait pas hésité une seconde, dont l'enfance rouge avait été marqué par la montée du fascisme, par la guerre et l'occupation, lui l'ancien réfractaire qui honnissait tant Vichy et le Pen que de Gaulle, lui qui, enfin, m'avait enseigné l'espoir.
J'avais aussi une pensée pour cet autre père en politique, disparu il y a maintenant 7 années, compagnon de route du Parti, qui avait su à tout moment s'insurger face à la perdition de ses camarades, qui à la fin de sa vie soutenait le Front de gauche et plus spécialement Mélenchon. On ne peut bien sûr faire parler les morts mais j'imaginais sa colère face à la tentation du vote blanc ou de l'abstention, devant le retour du brouillard et de la bête immonde, qu'allait confirmer le débat d'entre-deux-tours.
J'avais froid.
Pour ce deuxième tour, je serai donc en marche, selon la théorie de la reine rouge qui nous enseigne que l'environnement se modifie en permanence, et qu'il faut donc s'adapter toujours pour éviter de disparaitre.
Je t'aime.
RépondreSupprimerJ'avoue que c'est troublant de recevoir un tel commentaire anonyme....
SupprimerPlus qu'une réponse "rationnelle", je laisse la place à l'association d'idées, ce qu'il a évoqué instantanément " Pour cet instant de trouble étrange, où l'on entend rire les anges...
Je tente autre chose. Maurice ?
RépondreSupprimerJolie réponse, mais depuis longtemps que je te lis je t'aime pour ce que tu es et pour ce que tu écris...
RépondreSupprimerTu me touches vraiment Anonyme, comptes-tu le rester ? En attendant, Anonyme, je crie ton nom...
Supprimer@Troublant en effet....c'est quelqu'un qui semble te connaitre en chair et en os...s'est-il fait connaitre? tiens nous au courant en tous les cas, moi aussi, je suis intrigué....
RépondreSupprimer@@la reine rouge: je pensais que tu faisais reference à une femme politique, plutot très à gauche du coup, mais je ne voyais pas qui....intéressant cette théorie...beaucoup vont en effet tenter de s'adapter pour ne pas disparaitre...les "métamorphoses" (mot beaucoup entendu ces derniers jours) vont être étonnantes!!
Le nombre de lecteurs qui me connaissent en chair et en os se compte sur les doigts des deux mains, le mystère reste entier pour moi.
SupprimerIl faut que tu revoies "Alice au pays des merveilles" et le passage où la reine rouge dit à Alice "si nous courons pour rester à la même place". Cette image a été reprise pour illustrer le concept de biologie évolutive auquel je faisais référence.
Oui, on va assister à beaucoup de métamorphoses, je crains que beaucoup ne soient que superficielles, mais certains d'entre eux ne vont pas courir assez vite, à nous d'essayer de les faire valser.
Il n'y a pas de mystère : nous ne nous connaissons pas et je suis vraiment un anonyme qui tous les matins lit ton blog et qui l'apprécie hautement. Sans plus. Continue, pour notre plaisir, plus souvent si tu peux.
RépondreSupprimerMerci de nous éclairer ainsi, j'aurais apprécié un prénom, un pseudo, histoire de identifier dans des commentaires éventuels à venir. C'est toi qui vois.
SupprimerPour le reste, je continue, j'ai un peu ralenti le rythme, c'est parfois difficile pour moi de trouver non le temps mais les créneaux de sérénité pour écrire, car je ne suis pas toujours très rapide. Voir le billet du jour...
comme lu sur gay cultes, "La France est un paradis peuplé de gens qui se croient en enfer", d'où les 34% de la grosse ...
RépondreSupprimerUne phrase de Sylvain Tesson, pour une part seulement, certains sont réellement abandonnés, mais pas sûr qu'ils soient tous dans les 34, quand à l'expression choisie je préfère rester dans la courtoisie de notre nouveau président...
SupprimerSylvain Tesson à eu une enfance avec le cul bordé de nouilles. Il a sorti cette phrase malheureuse en réponse à François Bunel. Il aurait été opportun que Bunel lui rappelle le bonheur de nos SDF dans le Paris de janvier dernier. Comme l'a dit Hollande aujourd'hui, la France va beaucoup mieux, en témoignent les 34% de la mère machin. Après, c'est vrai, il y a le Rwanda, le Kossovo ou même la Grèce...
RépondreSupprimeril y a 6% de mal logés en France... La plupart des français sont bien lotis mais ne s'en rendent pas compte... Mon père est médecin et on a reçu un ami à lui médecin bulgare et sa femme, on est allé à l'hypermarché du coin, ils croyaient que c'était la fête... on a dit, non c'est tous les jours comme ça...
RépondreSupprimerLa plupart certes, mais le reste ? Et que les hypermarchés soient bien garnis d'accord, mais le pouvoir d'achat n'est pas le même pour tous et pour certains il est bien faible...
SupprimerDe plus il faudrait définir une nouvelle notion qui serait le "pouvoir de ne plus acheter de la merde", car si moi je me permettre d'acheter des produits de meilleure qualité, locaux, artisanaux, bio, équitables, etc... combien sont réduits à s'alimenter avec des produits malsains issus de l'industrie agro-alimentaire dont on sait bien qu'ils sont bourrés de molécules dégueulasses, cancérigènes, perturbatrices endocriniens et autres toxiques dont l'incidence sur l'espérance de vie n'est pas neutre...
La France est un certes un paradis mais très putatif... Pour faire genre Celeos dans l'expressivité, je dirai en conclusion qu'on n'a pas le cul sorti des ronces, une plante apparemment absente du jardin de Sylvain Tesson...