J'ai dû le dire ici ou là, j'ai grandi dans un monde de pudeur. Longtemps je n'ai eu aucune idée de ce que les sous-vêtements masquaient.
Nous avions fait un voyage exprès au pays taiseux. Mon grand-père avait été hospitalisé pour un accident cardiaque. L'annexe de hôpital était alors un endroit plutôt sordide avec des chambres collectives qui pouvaient compter jusqu'à une dizaine de lits. Je revois la disposition de la pièce, Le sien, parmi les sept autres, était dans un renfoncement légèrement décalé en face de la porte, le long d'un mur. Je ressens encore la pénombre, les volets étaient entrebâillés à cause de la chaleur écrasante de l'été cévenol. On avait hésité à m'emmener. Je crois que j'avais tenu à venir malgré le poids si faible de mes jeunes années.
C'était un homme épais mais pas si gros que ça. Il était allongé dans une tunique hospitalière, respirant péniblement. Le vêtement ne couvrait pas plus bas que son ventre, exposant son sexe au repos. Il avait une belle dimension mais je n'avais pas grande référence à part celle de mon appendice ridicule d'enfant. La reine-mère était agacée. D'un geste vif, elle avait tiré le drap sur le bas-ventre de son homme, constatant : on ne lui a même pas mis son pyjama. Je crois bien aussi que c'était la première fois que j'allais dans un hôpital. Je ne me souviens de rien d'autre que de cette vision, de l'agencement de la chambre, d'hommes exténués et de ma grand-mère contrariée, touchée dans son sens des convenances. Je m'en souviens comme le commencement de leur fin.
Ils alternèrent ensuite l'un et l'autre les maladies et hospitalisations.
A mon adolescence, ils venaient passer le gros de l'hiver chez nous. Je devais leur laisser ma chambre pendant quelques semaines. Un matin, j'oubliai que j'étais confiné dans mon ancienne chambre d'enfant. Je poussai leur porte machinalement. Je me trouvai face à mon grand-père furieux. Elle était nue, debout dans la posture maladroite des personnes fortes qui perdent leur mobilité, son énorme poitrine tombante. Il l'aidait à s'habiller. Je m'excusai. Elle l'arrêta dans sa réaction vive. Comme elle avait perdu de sa superbe ! Elle lui dit que ce n'était pas grave, au point où ils en étaient. Je m'échappai bien vite. A l'image de la maitresse femme, qui régentait le monde et avait dominé mon enfance, s'était substituée brutalement cette vision mamellaire. Je ne sais si c'est de ce moment qu'elle pris de l'humanité avec moi, mais nous devions dans ses dernières années connaître une proximité que je n'aurais jamais cru possible.
Je n'ai pas connu cela voyant régulièrement mess parents nus qui sortaient de la salle de bain pour aller dans leur chambre
RépondreSupprimerPar contre le corps de mon arrière grand mère dont ma mère aidait à la toilette ut un événement marquant pour l'enfant que j étais .
Et je fus dans la même situation il y a qq années aidant à la toilette de ma grand mère et grand père
Merci de ton témoignage, moi j'en suis encore à flipper de devoir approcher le corps défait de mon père.
SupprimerLe corps "familial" n'est pas un corps sexué. C'est encore plus intime et pourtant si naturel. C'est le regard de celui qui regarde qui fixe le curseur. À celui qui est vu de corriger la mise au point. Difficile parfois !
RépondreSupprimerC'est ça, pour ce que je crois comprendre...
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