jeudi 6 février 2014

Mon chef de gare

Ce matin j'ai vraiment failli craquer devant l'agent de la société des chemins de fer qui me délivrait le billet. Je venais d'attendre un bon moment derrière deux femmes et leur problème de billet et de numéro de carte.
Elles étaient servies par une jeune stagiaire, qui ne cessait de demander des conseils au titulaire du poste. Le bureau de ma gare de rase campagne grouillait inhabituellement de 4 ou 5 cheminots. J'avais déjà remarqué l'homme jeune qui lui répondait avec patience et ce faisant m'offrait un beau profil. Et je ne m'attendais pas à ce que ce soit lui qui me serve. Il avait remarqué ma fébrilité devant le peu de temps qui restait avant l'arrivée du train. Il a commencé par me rassurer sur sa capacité à délivrer un billet dans ce petit créneau. Un échange très technique a suivi sur la possibilité d'enregistrer le billet sur ma carte d'abonné, option inconnue de ma part. Tout cela avec un très beau sourire, la trentaine ravageuse, le cheveu noir et court sur un visage carré comme je les aime et un poil de trois jours à ravir mes lèvres.
Pendant cet échange cordial, mes yeux ont discrètement balayé son torse mince sous l'uniforme et se sont posés sur cette chevalière épaisse portée à l'annulaire droit dont je me suis demandé s'il s'agissait d'une alliance sachant bien qu'aujourd'hui les bagues au doigt n'identifient plus grand chose.
Il m'a tendu la carte bancaire et le ticket, puis dans un deuxième temps le billet, ses yeux tant dans mes yeux que je fus tenté d'effleurer sa main sans toutefois en prendre l'initiative ou même me positionner de sorte qu'il me frôle en passant.
Une fois sur le quai j'espérais sa venue à l'arrivée du train. Quand la locomotive fut en vue, la porte de la gare s'ouvrit sur lui. Je m'étais rapproché pour n'en rien perdre. Son sourire éclatant à mon attention m'a une nouvelle fois troublé. J'ai pensé qu'il fallait saisir l'occasion et j'ai osé lui parler. L'air de rien j'ai réussi à savoir qu'il était le permanent du lieu. Le qualifiant de chef de gare, il m'a répondu amusé qu'il était surtout chef de lui-même.
J'avais hésité ce matin à prendre mon billet sur le net. En montant dans le train, j'ai décidé de bannir définitivement cette hésitation.
En terminant ce post, je constatais encore combien nos perceptions gouvernent nos sens. Ce sourire que je recevais comme une offrande révélait sans doute plus simplement l'état de grâce de mon chef de gare ce matin après une bonne nouvelle ou qui sait une belle nuit d'amour. 
Mais j'aimais la pensée que son attention  ait pu se porter sur ma personne au delà du tact professionnel.

2 commentaires:

  1. ouahhh!!! j'adore ce genre d'histoire, dont je peux etre aussi le heros(toi!)..mais l'aurais-je abordé? je suis comme toi capable de me faire tout un film pour un beau regard, une belle apparence, du sex appeal quoi...tu as bien fait de lui parler, car tu vas le revoir...et demain; et les jours d'après..et peut-etre avait-il passé une nuit merveilleuse avec le mec d'hier à qui il a vendu un billet!!!...à suivre..

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    1. Tout aussi bien le héros était une héroïne, et il pensait au petit moment bien sympathique à venir avec la jolie stagiaire quand les derniers trains du matin seraient passés...

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