Je rentrais des Cévennes, un peu tristounet car c'est de plus en plus
difficile pour moi de repartir de là-bas. Après l'âge d'or de mon
enfance, ma famille a passé des moments très difficiles et les relations
se sont distendues dans tous les sens. Puis depuis quelques années, les
choses se repositionnent et un nouvel équilibre agréable s'est mis en
place. La roue tourne finalement.
Dans une fête, j'avais croisé un couple de garçons. Je dis de garçons car c'est comme ça qu'on les appelaient : les garçons. Joli jeune
couple, avec un petit écart d'âge, dans la discrétion totale mais une
sensibilité et une tendresse évidentes. Ça m'a fait envie de la tendresse d'un homme.
J'avais envie de
revoir la mer.
La côte languedocienne. Dans le rituel de la route des vacances , l'arrêt à la plage était incontournable. Les paysages de l'enfance marquent à
jamais, j'ai toujours aimé cette côte. Mieux que
l'océan que j'ai découvert très tardivement. L'océan c'est une brute
alors que la mer te caresse.
Dimanche soir, j'avais tapé sur le net quelques mots choisis. Le premier site donnait des plages isolées, dont celle-ci. Sur la carte c'était facile d'accès. Alors, la
mer, et qui sait, la tendresse d'un homme... va pour cette plage.
Quand
je suis arrivé, je t'ai repéré tout de suite. Beau gosse, le visage
carré, une minceur très agréable. Je me suis posé pas très loin. Tes
hésitations étaient très
visibles. Je me demandais si au moins tu te mettrais nu pour te
baigner. Moi j'ai hésité aussi, je suis allé une première fois me
tremper les jambes en maillot. Et puis j'ai osé. Pour tout t'avouer,
j'ai toujours peur de bander dans cette situation. Mais ça va, j'ai
maitrisé...
Je te regardais puis l'autre. Il m'a semblé que nos
regards ont fini par se croiser malgré tes lunettes. L'autre - nu
celui-ci- était plus fuyant. Un autre genre. Vous fumiez tous les deux.
Mais c'est vers l'autre que je suis allé. La cigarette c'était un
prétexte mais aussi une envie. Comme je t'ai dit, il ne parlait pas ou
presque. Après la cigarette, je me suis abandonné au soleil. Il ne s'est
rien passé. Je suis retourné me baigner. Entre temps, un troisième
s'était installé, à deux pas de mes affaires. Il était nu, taillé au
burin. Pas mon genre.
Je me suis baigné, mais tu étais déjà
sorti de l'eau. Allez zou. je suis sorti, me suis
séché tranquillement, peut-être un peu trop longuement... Tu as bougé,
commencé à te préparer. Intéressant, on allait peut-être se croiser. Je
me suis assis plus haut sur les galets pour me désabler les pieds. J'ai
pu te voir nu, enfin. Vraiment beau gosse. Je suis reparti vers la
végétation, j'ai pris mon temps pour observer le milieu car tu
n’apparaissais pas. J'ai cru que tu arrivais, mais non, tu laçais encore
tes chaussures. J'ai fait une autre petite boucle, avant de me
rapprocher, de t'entendre, étonné, me lancer un bonjour, comme pour éviter
que je ne parte trop vite.
J'étais surpris, nous avons partagé la suite.
Sur les lieux de drague, le plus terrible c'est le silence. La recherche de la jouissance à l'état brut(e).
Moi
ce qui me plait, c'est la tendresse, le partage, l'échange, les yeux
dans les yeux, la sincérité sans promesse particulière. C'est un temps à
vivre ou à revivre dans le respect de
chacun, de ses envies, de ses rythmes, de sa vie.
...
Ma version de
l'histoire, c'est que je t'ai remarqué de suite quand tu es arrivé.
J'avais déjà vu l'autre personne pas loin, mais pas eu du tout envie de
l'aborder. Toi, au début, je ne pensais pas que tu venais pour
rencontrer quelqu’un. T'as vraiment plus un look d’hétéro. Puis tu t'es
mis nu, et tu as commencé à me regarder avec plus d'insistance. Moi
j'osais pas trop, je faisais semblant de m'intéresser au pêcheur
derrière toi. Puis je t'ai vu aller vers l'autre, puis te baigner et
commencer à partir. Et là je me suis dit que si je devais avoir une
histoire avec un gars, ça serait avec toi, car je te trouvais trop
charmant. Tes cheveux grisonnants, ton corps fin et musclé, ton regard
franc, tout ça m'excitait beaucoup. Du coup, j'ai essayé de te capter
avant que tu partes, et franchement je ne regrette rien, vu le moment
qu'on a passé. J'ai vraiment apprécié ta manière
de me mettre à l'aise, entreprenant mais tellement doux.
J'étais très serein et heureux en rentrant chez moi.
J'aime ce que tu es,et que tu exprimes de si belle manière dans ce texte qui ressemble à un poème.
RépondreSupprimerJ'aime...
Pierre
Tu auras compris j’espère que la deuxième partie, en italiques, est vraiment de la plume même de Maurice...
Supprimer