- Ça fait plus de 20 ans que je vous suis.
- Je ne vous avais pas vu. J'avance et je ne me retourne jamais.
Ce serait si simple de pouvoir. C'est comme quand tu t'en vas de chez toi. Est-ce que j'ai éteint le gaz ?
Ce besoin irrépressible d’aller vérifier. Au delà d'un certain seuil, c'est le toc assuré.
Ce besoin, de revenir en arrière, de comprendre l'avant pour aller de l'après.
Je suis là à t'écrire depuis un mois et ça me fait du bien.
Je suis un peu accro aux statistiques même si je les trouve un peu bizarre, 700 pages lues soi-disant..., mais ça va passer. Je ne sais quasiment pas qui me lit et pourquoi, mais c'est là règle du jeu. Un jour je ferai un sondage...
J'ai choisi ce site pour éviter la pub mais je ne suis pas super emballé. J'aurais du penser aussi que la compatibilité avec le phone de la marque à la pomme serait très moyenne : publier un post bien relu et avec des libellés relève de la prouesse manuelle.
Un mois quand même, 15 articles. Je t'avoue qu'il y a beaucoup de recyclage de textes déjà écrits, mais je remanie quand même un peu, j'anonymise et je floute les lieux... et quand je fais ça, je ne pense pas à autre chose, j'arrive à canaliser.
Je ne me retourne jamais
J'ai passé une journée dans la ville où...
Mon premier cri. Ai-je vraiment crié ? Le bâtiment a été rasé, j'ai l'impression d'être né en suspension. On devrait peut-être penser à ça quand on démolit. En même temps, l'impression n'est pas désagréable.
J'ai traversé un bout de ville. J'aime cette lumière d'hiver quand le ciel est d'un bleu limpide, comme si la pollution avait soudain disparue. Le soleil sur les façades de brique. Ma cathédrale préférée. Sa façade modeste et ses deux nefs à la confluence de deux époques, deux énergies. J'aime ce symbole de la bivalence, certains diront plutôt de l'ambivalence. La discrétion de la voute romane, et la nef gothique décalée et plus flamboyante.
Traverser par les rues étroites le quartier des hôtels particuliers aux hautes façades, glisser dans une cour pour l'ambiance intime. Passer dans l'avenue et sentir sous les micocouliers comme un air de Provence.
J'apprécie la toute nouvelle promenade sur laquelle j'arrive. Je ne m'attendais pas à ça. Je ne sais pas où sont passées toutes les voitures, mais la perspective est si belle. Je me demande si la grande roue reviendra. Ici, j'avais 14 ans, je me suis fait aborder sur l'ancien parking, dans la nuit d'une fin d'après-midi d'hiver. Je n'avais pas compris ce que me voulait cet homme. J'étais seul et j'avais pressé le pas.
Je profite du soleil à la croisée des chemins, puis je m'engage dans la direction du fleuve. Un jeune homme passe. Grand et beau garçon aux cheveux bruns et frisés, mi-longs, la barbe courte, de jolis traits. Nos regards s'accrochent un instant, c'est très rapide mais clair. J'imagine cependant qu'il est avec la jeune fille, qui marche au téléphone un pas devant lui. Je me retourne, nous sommes déjà à une vingtaine de mètres. Non il est seul. Il s'est retourné aussi et nos regards se pénètrent à nouveau. Plaisir d'un regard. Magie d'un instant. Puis il se fixe sur le programme du théâtre. Je me retourne encore, il a disparu.
Je passe le carrefour, je ne suis plus loin de l'endroit du premier cri. Qui sait encore ?
Je ne me retourne jamais
Ce matin, courir. Pour évacuer. Quand je cours, je pense. Et dans ce moment, penser c'est se retourner sans cesse. En profiter pour classer et faire de la place. Pour les déchirures à venir. Pour les fauteuils à pousser. Pour les mots qui ne pourront plus se dire. Ai-je vraiment crié ?
le plaisir des yeux: en ce moment, j'en prends un peu trop de plaisir au travers des yeux!!! alors , comme toi, je cours!!! (il y a un Murakami très bien sur ce sujet d'ailleurs!!)
RépondreSupprimerIl y a un temps pour tout, ne boude pas ce plaisir :-)
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